Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sous-Capitaine Jojo AdOC
Publicité
Sous-Capitaine Jojo AdOC
  • Comment devient-on opposant au système, c'est très simple, il suffit d'ouvrir les yeux. C'est juste un oxymore: "Écrire est une arme pacifique qui fonctionne correctement" On dit aussi objecteur de croissance, braves français n'ayez point peur de descend
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
liens
Alter&Décroissance
ApiHappyCultureSauvage
Constructionterre

 

Contre scientisme
Lutte
Lutte pour Neveux de Marcel MAUSS
Media
Nucléaire info
PermacultAgroécol SemencesLibres

 

Sous-Capitaine Jojo AdOC
13 mai 2020

Trois femmes en Mai en France

 

20180313104557323625

https://librinfo74.fr/ariane-mnouchkine-je-ressens-de-la-colere-devant-la-mediocrite-les-mensonges-et-larrogance-de-nos-dirigeants/

 

ARIANE MNOUCHKINE : « Je ressens de la colère devant la médiocrité, les mensonges et l’arrogance de nos dirigeants »

le 12 Mai 2020

Nous relayons l’interview d’Ariane Mnouchkine parue dans Télérama

On ne peut pas déclarer la guerre sans appeler, dans le même temps, à la mobilisation générale. Or cette mobilisation, même abondamment formulée, n’a jamais été réellement souhaitée. On nous a immédiatement bâillonnés, enfermés. Et certains plus que d’autres : je pense aux personnes âgées et à la façon dont elles ont été traitées. J’entends s’exprimer dans les médias des obsédés anti-vieux, qui affirment qu’il faut tous nous enfermer, nous, les vieux, les obèses, les diabétiques jusqu’en février, sinon, disent-ils, ces gens-là encombreront les hôpitaux. Ces gens-là ? Est-ce ainsi qu’on parle de vieilles personnes et de malades ? Les hôpitaux ne seraient donc faits que pour les gens productifs en bonne santé ? Donc, dans la France de 2020, nous devrions travailler jusqu’à 65 ans et une fois cet âge révolu, nous n’aurions plus le droit d’aller à l’hôpital pour ne pas encombrer les couloirs ? Si ce n’est pas un projet préfasciste ou prénazi, ça y ressemble. Cela me fait enrager.

 

TÉLÉRAMA  : Comment se vit le confinement au Théâtre du Soleil  ?

Comme nous pouvons. Comme tout le monde. Nous organisons des réunions par vidéo avec les soixante-dix membres du théâtre et parfois leurs enfants. Retrouver la troupe fait du bien à tous. Surtout à moi. Nous réfléchissons : après le déconfinement, comment faire ? Comment reprendre le théâtre, qui ne se nourrit pas que de mots mais surtout de corps ? Quelles conditions sanitaires mettre en œuvre sans qu’elles deviennent une censure insupportable ? Masques, évidemment, distanciations physiques dans les activités quotidiennes telles que les repas, les réunions, mais en répétition ? Se demander comment faire, c’est déjà être, un peu, dans l’action. Il se trouve que, le 16 mars, nous allions commencer à répéter un spectacle étrangement prophétique. Le sujet, que je ne peux ni ne veux évoquer ici, sous peine de le voir s’évanouir à tout jamais, ne varie pas. Mais sa forme va bouger sous les coups du cataclysme qui ébranle tout, individus, États, sociétés, convictions. Alors nous nous documentons, nous menons nos recherches dans tous les domaines nécessaires. Nous devons reprendre l’initiative, cette initiative qui, depuis deux mois, nous a été interdite, même dans des domaines où des initiatives citoyennes auraient apporté, sinon les solutions, du moins des améliorations notables sur le plan humain.

Quel est votre état d’esprit ?

J’ai du chagrin. Car derrière les chiffres qu’un type égrène chaque soir à la télévision, en se félicitant de l’action formidable du gouvernement, je ne peux m’empêcher d’imaginer la souffrance et la solitude dans lesquelles sont morts ces femmes et ces hommes. La souffrance et l’incompréhension de ceux qui les aimaient, à qui on a interdit les manifestations de tendresse et d’amour, et les rites, quels qu’ils soient, indispensables au deuil. Indispensables à toute civilisation. Alors qu’un peu d’écoute, de respect, de compassion de la part des dirigeants et de leurs moliéresques conseillers scientifiques aurait permis d’atténuer ces réglementations émises à la hâte, dont certaines sont compréhensibles mais appliquées avec une rigidité et un aveuglement sidérants.

Parlons-nous du théâtre ?

Mais je vous parle de théâtre ! Quand je vous parle de la société, je vous parle de théâtre ! C’est ça le théâtre ! Regarder, écouter, deviner ce qui n’est jamais dit. Révéler les dieux et les démons qui se cachent au fond de nos âmes. Ensuite, transformer, pour que la Beauté transfigurante nous aide à connaître et à supporter la condition humaine. Supporter ne veut pas dire subir ni se résigner. C’est aussi ça le théâtre !

Vous êtes en colère ?

Ah ! ça oui ! Je ressens de la colère, une terrible colère et, j’ajouterai, de l’humiliation en tant que citoyenne française devant la médiocrité, l’autocélébration permanente, les mensonges désinformateurs et l’arrogance obstinée de nos dirigeants. Pendant une partie du confinement, j’étais plongée dans une semi-inconscience due à la maladie. Au réveil, j’ai fait la bêtise de regarder les représentants-perroquets du gouvernement sur les médias tout aussi perroquets. J’avais respecté la rapidité de réaction d’Emmanuel Macron sur le plan économique et son fameux « quoi qu’il en coûte » pour éviter les licenciements. Mais lorsque, dans mon petit monde convalescent, sont entrés en piste ceux que je surnomme les quatre clowns, le directeur de la Santé, le ministre de la Santé, la porte-parole du gouvernement, avec, en prime, le père Fouettard en chef, le ministre de l’Intérieur, la rage m’a prise. Je voudrais ne plus jamais les revoir.

Que leur reprochez-vous ?

Un crime. Les masques. Je ne parle pas de la pénurie. Ce scandale a commencé sous les quinquennats précédents de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Mais appartenant au gouvernement qui, depuis trois ans, n’a fait qu’aggraver la situation du système de santé de notre pays, ils en partagent la responsabilité. En nous répétant, soir après soir, contre tout bon sens, que les masques étaient inutiles voire dangereux, ils nous ont, soir après soir, désinformés et, littéralement, désarmés. Alors qu’il eût fallu, et cela dès que l’épidémie était déclarée en Chine, suivre l’exemple de la plupart des pays asiatiques et nous appeler à porter systématiquement le masque, quitte, puisqu’il n’y en avait pas, à en fabriquer nous-mêmes. Or nous avons dû subir les mensonges réitérés des quatre clowns, dont les propos inoubliables de la porte-parole du gouvernement qui nous a expliqué que, puisque elle-même — la prétention de cet « elle-même » — ne savait pas les utiliser, alors personne n’y parviendrait ! Selon de nombreux médecins qui le savent depuis longtemps mais dont la parole ne passait pas dans les médias-perroquets au début de la catastrophe, nous allons tous devoir nous éduquer aux masques car nous aurons à les porter plusieurs fois dans notre vie. Je dis cela car dans le clip qui nous recommande les gestes barrières, le masque ne figure toujours pas. Je suis de celles et ceux qui pensent que son usage systématique, dès les premières alertes, aurait, au minimum, raccourci le confinement mortifère que nous subissons.

Subir est-il le pire ?

Nous devons cesser de subir la désinformation de ce gouvernement. Je ne conteste pas le fameux « Restez chez vou ». Mais, si l’on est (soi-disant) en guerre, ce slogan ne suffit pas. On ne peut pas déclarer la guerre sans appeler, dans le même temps, à la mobilisation générale. Or cette mobilisation, même abondamment formulée, n’a jamais été réellement souhaitée. On nous a immédiatement bâillonnés, enfermés. Et certains plus que d’autres : je pense aux personnes âgées et à la façon dont elles ont été traitées. J’entends s’exprimer dans les médias des obsédés anti-vieux, qui affirment qu’il faut tous nous enfermer, nous, les vieux, les obèses, les diabétiques jusqu’en février, sinon, disent-ils, ces gens-là encombreront les hôpitaux. Ces gens-là ? Est-ce ainsi qu’on parle de vieilles personnes et de malades ? Les hôpitaux ne seraient donc faits que pour les gens productifs en bonne santé ? Donc, dans la France de 2020, nous devrions travailler jusqu’à 65 ans et une fois cet âge révolu, nous n’aurions plus le droit d’aller à l’hôpital pour ne pas encombrer les couloirs ? Si ce n’est pas un projet préfasciste ou prénazi, ça y ressemble. Cela me fait enrager.

Que faire de cette rage ?

Cette rage est mon ennemie parce qu’elle vise de très médiocres personnages. Or le théâtre ne doit pas se laisser aveugler par de très médiocres personnages. Dans notre travail, nous devons comprendre la grandeur des tragédies humaines qui sont en train d’advenir. Si nous, artistes, nous restons dans cette rage, nous n’arriverons pas à traduire dans des œuvres éclairantes pour nos enfants ce qui se vit aujourd’hui. Une œuvre qui fera la lumière sur le passé pour que l’on comprenne comment une telle bêtise, un tel aveuglement ont pu advenir, comment ce capitalisme débridé a pu engendrer de tels technocrates, ces petits esprits méprisants vis-à-vis des citoyens. Pendant un an, ils restent sourds aux cris d’alarme des soignantes et soignants qui défilent dans la rue. Aujourd’hui, ils leur disent  : vous êtes des héros. Dans le même temps, ils nous grondent de ne pas respecter le confinement alors que 90 % des gens le respectent et que ceux qui ne le font pas vivent souvent dans des conditions inhumaines. Et que le plan Banlieue de Jean-Louis Borloo a été rejeté du revers de la main, il y a à peine deux ans, sans même avoir été sérieusement examiné ni discuté. Tout ce qui se passe aujourd’hui est le résultat d’une longue liste de mauvais choix.

Cette catastrophe n’est-elle pas aussi une opportunité ?

Oh ! une opportunité ? ! Des centaines de milliers de morts dans le monde  ? Des gens qui meurent de faim, en Inde ou au Brésil, ou qui le risquent dans certaines de nos banlieues ? Une aggravation accélérée des inégalités, même dans des démocraties riches, comme la nôtre ? Certains pensent que nos bonnes vieilles guerres mondiales aussi ont été des opportunités… Je ne peux pas répondre à une telle question, ne serait-ce que par respect pour tous ceux qui en Inde, en Équateur ou ailleurs ramassent chaque grain de riz ou de maïs tombé à terre.

 

Les Français sont-ils infantilisés ?

Pire. Les enfants ont, la plupart du temps, de très bons profs, dévoués et compétents, qui savent les préparer au monde. Nous, on nous a désarmés psychologiquement. Une histoire m’a bouleversée : dans un Ehpad de Beauvais, des soignantes décident de se confiner avec les résidentes. Elles s’organisent, mettent des matelas par terre et restent dormir près de leurs vieilles protégées pendant un mois. Il n’y a eu aucune contamination. Aucune. Elles décrivent toutes ce moment comme extraordinaire. Mais arrive un inspecteur du travail pour qui ces conditions ne sont pas dignes de travailleurs. Des lits par terre, cela ne se fait pas. Il ordonne l’arrêt de l’expérience. Les soignantes repartent chez elles, au risque de contaminer leurs familles, avant de revenir à l’Ehpad, au risque de contaminer les résidentes. En Angleterre, c’est 20 % du personnel qui se confine avec les résidents. Mais non, ici, on interdit la poursuite de cette expérience fondée sur une réelle générosité et le volontariat, par rigidité réglementaire ou par position idéologique. Ou les deux.

 

Cette mise à l’écart des personnes âgées révèle-t-elle un problème de civilisation ?

Absolument. Lorsque la présidente de la Commission européenne suggère que les gens âgés restent confinés pendant huit mois, se rend-elle compte de la cruauté de ses mots ? Se rend-elle compte de son ignorance de la place des vieux dans la société ? Se rend-elle compte qu’il y a bien pire que la mort ? Se rend-elle compte que parmi ces vieux, dont je suis, beaucoup, comme moi, travaillent, agissent, ou sont utiles à leurs familles ? Sait-elle que nous, les vieux, nous acceptons la mort comme inéluctable et que nous sommes innombrables à réclamer le droit de l’obtenir en temps voulu, droit qui nous est encore obstinément refusé en France, contrairement à de nombreux autres pays. Quelle hypocrisie ! Vouloir nous rendre invisibles plutôt que de laisser ceux d’entre nous qui le veulent choisir le moment de mourir en paix et avec dignité. Lorsque Emmanuel Macron susurre : « Nous allons protéger nos aînés », j’ai envie de lui crier : je ne vous demande pas de me protéger, je vous demande juste de ne pas m’enlever les moyens de le faire. Un masque, du gel, des tests sérologiques ! À croire qu’ils rêvent d’un Ehpad généralisé où cacher et oublier tous les vieux. Jeunes, tremblez, nous sommes votre avenir !

 

Qu’est-ce que cela dit sur notre société ?

Sur la société, je ne sais pas, mais cela en dit beaucoup sur la gouvernance. Dans tout corps, une mauvaise gouvernance révèle le plus mauvais. Il y a 10 % de génies dans l’humanité et 10 % de salopards. Dans la police, il y a 10 % de gens qui ne sont pas là pour être gardiens de la paix mais pour être forces de l’ordre. Je respecte la police, mais lorsqu’on donne des directives imprécises, laissées à la seule interprétation d’un agent, cet agent, homme ou femme, se révélera un être humain, bon, compréhensif et compétent, ou bien il agira comme un petit Eichmann investi d’un pouvoir sans limite, qui, parce que son heure est enfin venue, pourra pratiquer sa malfaisance. Donc il fera faire demi-tour à un homme qui se rend à l’île de Ré pour voir son père mourant. Ou il fouillera dans le cabas d’une dame pour vérifier qu’elle n’a vraiment acheté que des produits de première nécessité. Et s’il trouve des bonbons, il l’humiliera. Quand je pense qu’ont été dénoncées, oui, vous avez bien entendu, dénoncées, et verbalisées des familles qui venaient sous les fenêtres pour parler à leurs proches reclus en Ehpad… Se rend-on compte de ce qui est là, sous-jacent ?

 

Redoutez-vous un État liberticide ?

Il y a, indubitablement, un risque. La démocratie est malade. Il va falloir la soigner. Je sais bien que nous ne sommes pas en Chine où, pendant le confinement de Wuhan, on soudait les portes des gens pour les empêcher de sortir. Mais, toute proportion gardée, oui, en France, la démocratie est menacée. Vous connaissez, bien sûr, l’histoire de la grenouille ? Si on la plonge dans l’eau bouillante, elle saute immédiatement hors de l’eau. Si on la plonge dans l’eau froide et qu’on chauffe très doucement cette eau, elle ne saute pas, elle meurt, cuite. C’est l’eau fraîche de la démocratie que, petit à petit, on tiédit. Je ne dis pas que c’est ce que les gouvernants veulent faire. Mais je pense qu’ils sont assez bêtes pour ne pas le voir venir. Oui, je découvre avec horreur que ces gens, si intelligents, sont bêtes. Il leur manque l’empathie. Ils n’ont aucune considération pour le peuple français. Pourquoi ne lui dit-on pas simplement la vérité ?

Avez-vous encore espoir en nos dirigeants politiques  ?

Lorsque le 12 mars Emmanuel Macron dit : « Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour… La santé… notre État-providence ne sont pas des coûts… mais des biens précieux », nous nous regardons, ahuris. Et cela me rappelle l’histoire de l’empereur Ashoka qui, en 280 av. J.-C., pour conquérir le royaume de Kalinga, livra une bataille qui se termina par un tel massacre que la rivière Daya ne charriait plus de l’eau mais du sang. Face à cette vision, Ashoka eut une révélation et se convertit au bouddhisme et à la non-violence. Nous espérons parfois de nos gouvernants cette prise de conscience du mal qu’ils commettent. J’avoue que, ce soir-là, j’ai espéré cette conversion d’Emmanuel Macron. J’ai souhaité que, constatant son impuissance face à un minuscule monstre qui attaque le corps et l’esprit des peuples, il remonte avec nous la chaîne des causalités, comprenne de quelle manière l’Histoire, les choix et les actes des dirigeants, de ses alliés politiques, ont mené à notre désarmement face à cette catastrophe. J’aurais aimé qu’il comprenne à quel point il est, lui-même, gouverné par des valeurs qui n’en sont pas. Ça aurait été extraordinaire. J’aimerais avoir de l’estime pour ce gouvernement. Cela me soulagerait. Je ne demanderais que ça. Au lieu de quoi je ne leur fais aucune confiance. On ne peut pas faire confiance à des gens qui, pas une seconde, ne nous ont fait confiance. Quand, permises ou pas, les manifestations vont reprendre le pavé, seront-elles de haine et de rage, n’aboutissant qu’à des violences et des répressions, avec en embuscade Marine Le Pen qui attend, impavide, ou seront-elles constructives, avec de vrais mouvements qui font des propositions ? Certains matins je pense que ça va être constructif. Et certains soirs, je pense l’inverse. Ce dont j’ai peur surtout, c’est de la haine. Parce que la haine ne choisit pas, elle arrose tout le monde.

 

Vous avez peur d’un déconfinement de la haine ?

Exactement ! Peur du déconfinement de la haine coléreuse. Est-ce que le peuple français va réussir à guérir, ou au moins à orienter sa rage, donc ses haines, vers des propositions et des actions novatrices et unificatrices ? Il serait temps. Car le pire est encore possible. Le pire, c’est-à-dire le Brésil, les États-Unis, etc. Nous n’en sommes pas là mais nous y parviendrons, à force de privatisations, à force d’exiger des directeurs d’hôpitaux qu’ils se comportent en chefs d’entreprises rentables. Heureusement Emmanuel Macron a eu la sagesse d’immédiatement mettre en œuvre un filet de sécurité — le chômage partiel — pour que la France ne laisse pas sur la paille treize millions de ses citoyens. C’était la seule chose à faire. Il l’a faite. Cela doit être salué. Mais cette sagesse n’a rien à voir avec une pseudo « générosité » du gouvernement, comme semble le penser un certain ministre. Elle est l’expression même de la fraternité qui est inscrite sur nos frontons. C’est la vraie France, celle qui fait encore parfois l’admiration et l’envie des pays qui nous entourent. Pour une fois, on a laissé l’économie derrière afin de protéger les gens. Encore heureux !

 

Qu’attendez-vous pour les artistes, les intermittents  ?

Je viens d’entendre qu’Emmanuel Macron accède, heureusement, à la revendication des intermittents qui demandent une année blanche afin que tous ceux qui ne pourront pas travailler dans les mois qui viennent puissent tenir le coup. C’est déjà ça. Ici, au Soleil, nous pouvons travailler, nous avons une subvention, un lieu, un projet et des outils de travail. À nous de retrouver la force et l’élan nécessaires. Ce n’est pas le cas des intermittents et artistes qui, pour trouver du travail, dépendent d’entreprises elles-mêmes en difficulté. Même si, en attendant, certains vont réussir à répéter, il va falloir, pour jouer, attendre que les salles puissent ouvrir à plein régime. Cela peut durer de longs mois, jusqu’à l’arrivée d’un médicament. Ceux-là ne doivent pas être abandonnés, l’avenir de la création théâtrale française, riche entre toutes, peut-être unique au monde, dépend d’eux. Personne ne pardonnerait, ni artistes ni public, qu’on laisse revenir le désert. Lors d’une inondation, on envoie les pompiers et les hélicoptères pour hélitreuiller les gens réfugiés sur leurs toits. Quoi qu’il en coûte. Le virus nous assiège tous, mais, de fait, les arts vivants vont subir le plus long blocus. Donc, comme pendant le blocus de Berlin, il faut un pont aérien qui dure tant que le siège n’est pas levé, tant que le public ne peut pas revenir, rassuré et actif, avec enthousiasme. Avec masque, s’il est encore nécessaire. Mais la distance physique ne sera pas tenable au théâtre. Ni sur la scène, ni même dans la salle. C’est impossible. Pas seulement pour des raisons financières, mais parce que c’est le contraire de la joie.

 

N’est-il pas temps d’appeler à un nouveau pacte pour l’art et la culture  ?

Pas seulement pour l’art et la culture. Nous faisons partie d’un tout.

Propos recueillis par Joëlle Gayot.

 

 &&&&&&&&&&&&&&&

 

 

 

https://reporterre.net/Ces-hommes-qui-aspirent-a-la-croissance-infinie-et-au-controle-total-sont-des-monstres-purs

Ces hommes qui aspirent à la croissance infinie et au contrôle total sont des monstres pur

13 mai 2020 / Nancy Huston

Pour l’écrivaine Nancy Huston, « nous avons tendance à innocenter les responsables en raison de leur puissance ». Les responsables des crises que nous vivons, ce sont ceux qui refusent la fragilité de la vie et veulent dominer la « Nature » — « une forme de mégalomanie spécifiquement masculine ».

Nancy Huston est une romancière franco-canadienne. Elle a écrit de nombreux romans dont Cantique des plaines (Actes Sud, 1993), Lignes de faille, (Actes Sud, 2009) et Rien d’autre que cette félicité (Parole, 2019).

Lentigny (Loire), le 24 avril 2020 — Je suis en train de lire Le Dernier Homme [1] de Mary Shelley, roman d’anticipation qui, paru en 1826, raconte un épisode de la peste qui efface purement et simplement l’espèce humaine en l’an… 2100 !

Cette écrivaine britannique, que nous connaissons surtout comme l’auteure de Frankenstein [2], doit sans doute son imagination débridée au fait que sa vie a baigné dans la mort dès le jour de sa naissance. Sa propre mère, la penseuse féministe Mary Wollstonecraft, meurt de fièvre puerpérale dix jours après l’avoir mise au monde. Quand Mary [alors Wollstonecraft Godwin] n’a que dix-sept ans, mais vit déjà [hors mariage] avec le poète Percy Bysshe Shelley, elle donne le jour à sa première enfant, une fille qui meurt dix jours plus tard. Sa demi-sœur meurt ensuite d’une overdose de somnifères. Puis l’épouse de Shelley, Harriet, se noie par désespoir alors qu’elle est enceinte de cinq mois [vingt jours après la mort de Harriet, fin 1816, Percy Bysshe Shelley épouse Mary, qui prend alors son patronyme]. Frankenstein paraît en 1818 quand Mary a vingt ans ; ses deux autres enfants mourront dans les deux années qui suivent, et, peu après, le poète lui-même se noiera accidentellement. Après cette série presque invraisemblable de deuils précoces, la jeune femme n’a sans doute le choix qu’entre dépression et résilience — elle choisit la résilience.

Son célèbre roman a un sous-titre : « le Prométhée moderne ». Son protagoniste, le Dr Frankenstein, a en commun avec le héros du mythe grec non d’avoir dérobé aux dieux le divin secret du feu, mais d’avoir réussi à animer la matière inanimée. Alors que Prométhée, pour créer les humains, se sert de restes de boue transformés en roche, le savant suisse, lui, travaille à partir de tissus prélevés sur des cadavres.

Nous avons tendance à innocenter les responsables en raison de leur puissance

Le résultat, on s’en souvient, est un être horrible à voir et profondément malheureux — car, à la différence de tous ceux qui l’entourent, il est seul : « Aucun père [n’a] surveillé les jours de mon enfance, se plaint-il, aucune mère ne [m’a] béni de ses sourires et ses caresses. » Il supplie le Dr Frankenstein de lui créer au moins une compagne, une femelle de la même espèce et avec les mêmes défauts que lui. Dans un premier temps, le savant acquiesce, mais à la dernière minute il décide de détruire sa deuxième créature. Et l’autre de rugir : « Alors chaque homme trouvera une femme pour son cœur, chaque animal aura son conjoint, et moi, je serai seul ? » — et de se venger en tuant d’abord le meilleur ami du docteur, ensuite sa nouvelle épouse.

(Je peux affirmer, de même, qu’aucun des meurtriers, violeurs et autres auteurs de crimes violents avec qui j’ai pu discuter dans les prisons françaises n’a eu une enfance même vaguement normale et tranquille. La créature de Frankenstein le sait : la punition précède le crime.)

Il faudrait rendre obligatoire la lecture de ce roman de Mary Shelley, non seulement par les élèves de toutes les écoles mais aussi par tous les hommes et femmes d’État, tous les juges, directeurs et gardiens de prison, policiers et policières… Tout comme la mémoire populaire a fait glisser le nom Frankenstein du créateur à sa créature, nous avons tendance à innocenter les responsables en raison de leur puissance. Mais le vrai monstre est bel et bien le scientifique fou : celui qui bafoue la mort, nie le passage du temps, refuse le caractère fragile, éphémère et interdépendant de la vie, se rêve solitaire, héroïque et tout-puissant, aspire à la domination totale de la « Nature » par l’homme.

Je dis bien par l’homme et non par l’être humain, car il me semble qu’il s’agit là d’une forme de mégalomanie spécifiquement masculine. Aucune femme ne figure parmi les spécialistes de l’anthropométrie judiciaire au XIXe siècle, ni parmi les médecins et officiers supérieurs nazis dans les années 1930-40, ni, à l’époque contemporaine, parmi les spécialistes de reconnaissance faciale, que ceux-ci soient employés par Facebook ou le Pentagone, Google ou le Mossad ; qu’ils développent leurs vertigineux projets de surveillance high-tech en Chine, aux États-Unis ou en Europe. Non pas que les hommes soient plus « immoraux » que les femmes, bien sûr ! Mais, plus seuls dans leur corps (corps qui n’est que ponctuellement, voire distraitement impliqué dans la reproduction alors que le corps féminin, lui, y est existentiellement impliqué), peut-être sont-ils plus angoissés par la mort que les femmes donc plus portés sur le fantasme de l’immortalité. Il n’y a pas de Doctoresse Frankenstein.

Ceci dit, il n’y a pas non plus de Frankenstein pauvre ou noir ; dans ce domaine les différences de classe, d’ethnie et de pays d’origine comptent au moins autant que les différences de sexe. Pour chaque milliardaire à peau claire qui se rêve vivant sur Mars, d’une vie indéfiniment prolongée et « augmentée » par la technologie de pointe, il y a des milliers d’hommes et de femmes à peau sombre qui continueront, tout au long de leur courte vie, à trimer, à saigner, à suer et à haleter dans les champs, les mines et les usines de la pauvre planète Terre.

En clair, les plus grands criminels ne sont pas derrière les barreaux mais à la barre : ce sont ces monstres purs, ces hommes qui aspirent à la croissance infinie, à la puissance absolue, au contrôle total, à la vie éternelle et à la richesse folle, qui nous précipitent vers l’Apocalypse imaginée par Mary Shelley dans Le Dernier Homme.

 

 


[1Le Dernier Homme, (Trad. Paul Couturiau), Monaco, Éd. du Rocher, 1988, 420 p. / Paris, Gallimard, coll. Folio, 1998, 672 p.

[2] Dernière traduction en 2015 aux éditions Gallimard.

 

&&&&&&&&&

 

 

https://www.bastamag.net/France-insoumise-deputee-caroline-Fiat-aide-soignante-Ehpad-assemblee-nationale-CHU-Nancy

« Pourquoi le gouvernement ne veut-il pas de mon aide ? Parce que je ne suis qu’une aide-soignante ? »

par Rachel Knaebel 5 mai 2020

 

Caroline Fiat est députée de la France insoumise. Aide-soignante de profession, elle est, comme certains autres élus, retournée exercer dans un service de réanimation Covid à Nancy. Quelle est sa perception de la gestion de la crise par le gouvernement ? Comment voit-elle la sortie du confinement ? Entretien.

 

Basta ! : Vous êtes retournée travailler comme aide-soignante au CHU de Nancy lors du pic de l’épidémie. Cette mission est aujourd’hui terminée. La situation s’est-elle normalisée ?

Caroline Fiat [1] : Deux services de réanimation dédiés à des cas de Covid-19 vont être fermés à Nancy, donc ils n’avaient plus besoin de moi. C’est une bonne nouvelle. Je m’étais engagée pour un mois renouvelable si besoin, et il n’y a pas eu besoin. Cela veut dire que les choses vont mieux. Quand vous prenez en charge un patient, c’est difficile de le quitter, on veut connaître la suite. Alors, je demande des nouvelles aux collègues. Dans notre service, nous avons eu beaucoup de patients d’Alsace, des Vosges, peu d’habitants de Meurthe-et-Moselle, donc le confinement a l’air d’avoir bien fonctionné dans notre département.

 

Comment jugez-vous la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement ? Pensez-vous que le confinement a été décidé trop tard ?

Bien malin celui qui dit qu’il aurait déclaré le confinement plus tôt, car cette épidémie nous est tombée dessus d’une manière que nous n’attendions pas. Ce que je regrette, ce sont les mensonges. On n’avait pas de masques, il fallait l’assumer. On entendait tous les jours des responsables du gouvernement dire « les masques arrivent, les masques arrivent ». Non, ils n’arrivaient pas. Quel était l’intérêt de mentir ? Il fallait trouver d’autres solutions. En Meurthe-et-Moselle, le préfet a fait appel aux dons des entreprises. Nous avons trouvé de cette manière 90 000 masques FFP2 qu’on a fait distribuer. Heureusement que nous n’avons pas écouté Olivier Véran qui nous disait que les masques arrivaient le lendemain !

Je pense que s’il y avait eu plus d’honnêteté, on aurait trouvé des solutions par la solidarité. La communication n’était pas la bonne. En crise sanitaire, cela ne sert à rien de mentir, il faut assumer et dire, on n’a pas de masques, on va peut-être manquer de réanimateurs là, de places en réa ici, il va falloir monter un hôpital de campagne… L’honnêteté est bien moins anxiogène ! Quand vous mentez, les gens n’ont pas confiance et cela crée encore plus d’angoisse.

Lire aussi : Le CHU de Nancy, symbole de la désorganisation managériale de l’hôpital public

Je reprends ici ma blouse de soignante : quand on explique à une personne malade son traitement, qu’elle a tant de chances de s’en sortir, tant de risques, quand vous expliquez tout sans mentir, 50 % du soin est déjà réalisé. J’en veux à Olivier Véran car il est médecin, il sait cela. Je ne comprends pas sa gestion. Je l’ai alerté à plusieurs reprises par des questions écrites et par SMS. Quand je trouvais que c’était vraiment urgent, je me suis permise de l’alerter en direct. Je lui ai proposé mon aide, il n’a pas saisi cette main tendue.

Dès le départ, quand Emmanuel Macron a parlé d’unité nationale, j’ai pensé qu’effectivement, on ne fait pas de la politique sur une crise sanitaire. J’ai changé mon fusil d’épaule. J’ai l’impression que, pour eux, « unité nationale » signifie bâillonner l’opposition et faire en sorte qu’on les admire. Non, l’unité nationale, c’est de ne pas laisser le gouvernement aller dans le mur. Pourquoi ne veulent-ils pas de mon aide ? Parce que je ne suis qu’une aide-soignante ? Parce que je suis une insoumise ? Je trouve leur façon de faire très méprisante.

 

Dans cette crise, les infirmières, les aides-soignantes, les agents de nettoyage des hôpitaux, sont mis en avant, leur travail est reconnu. Pensez-vous que cela va changer la perception à long terme de ce travail de terrain, indispensable mais mal payé ?

J’attends les actes. Il faut donner les moyens financiers, matériels et humains de travailler. Là, on est en pleine crise, donc, c’est « quoi qu’il en coûte », toutes les vannes sont ouvertes. Je trouve cependant que Gérald Darmanin [ministre des Comptes publics] répète bien trop souvent que la Sécurité sociale va atteindre 41 milliards d’euros de déficit. Il est donc à craindre que ce soit pour nous dire, dans quelques semaines, qu’il va falloir faire des économies.

 

Dans votre travail d’aide-soignante, avant de devenir députée, avez-vous constaté la dégradation des conditions de travail et de soins ?

Oui, j’étais en Ehpad. Nous n’avions pas assez de matériel, pas assez de personnel. Je me suis battue pour que ça change. J’ai travaillé dans des Ehpad publics et en privé lucratif, où c’est encore pire.

 

Cette crise révèle la situation très difficile dans les Ehpad, où l’épidémie a fait des milliers de morts. Comment changer les choses ?

Suivre les préconisations du rapport parlementaire Fiat-Iborra rendu en mars 2018 ! [2]. Nous y disions qu’il fallait donner les moyens humains et matériels pour traiter dignement nos résidents, avec un ratio minimal de soignants, et qu’il faut trouver des solutions pour stopper cette maltraitance, qui n’est même plus institutionnelle, mais gouvernementale. Cela fait trois ans que je leur dis la réalité dans les Ehpad, cela fait deux ans qu’on leur a rendu ce rapport. Rien n’est arrivé. Aujourd’hui, c’est l’hécatombe. Je suis très en colère. Quand vous faites des erreurs sur un autre sujet, vous perdez peut-être de l’argent, ici, ça se compte en morts.

 

Sur la question des médicaments, des masques, des respirateurs, le projet d’une industrie publique du médicament et de la santé, et de sa relocalisation, est-il porté par la France insoumise ?

On le porte depuis la présidentielle. Pour avoir de quoi subvenir nous-mêmes à nos besoins. Dire que nous n’avons pas besoin de fabriquer nous-mêmes parce qu’ils le font très bien en Chine, on voit bien que cela ne marche pas. Nous ne sommes même plus capables d’être autonomes en médicaments, malgré tous les labos pharmaceutiques dont nous disposons. Beaucoup de gens, je pense, auront pris conscience dans cette crise que nous avions des usines qui fabriquaient des masques, qu’on les a fermées pour faire des économies parce que cela coûtait moins cher à fabriquer ailleurs. La crise sanitaire montre au contraire que ces économies coûtent cher en vies humaines. Peut-être qu’à l’avenir, nous ne serons plus regardés de la même façon quand on parlera de nationalisations, de produire local, de circuits courts.

 

Êtes-vous sceptique sur la perspective de déconfiner à partir du 11 mai ?

Je pense que le gouvernement fait encore une fois tout à l’envers. Le gouvernement dit "on déconfine" mais il n’a rien préparé. Cela met tout le monde en danger. Le gouvernement et le président sont entourés de plein de gens compétents qui, avec les parents d’élèves, les enseignants, les personnels soignants, les infirmières scolaires, peuvent travailler à l’organisation nécessaire, à ce qu’il faut mettre en place. Donner une date et ensuite réfléchir à comment faire, cela n’a pas de sens. Cela revient à la question de la confiance. Il faut dire la vérité. C’est aussi de la responsabilité politique d’assumer quand on ne sait pas. Ça ne sert à rien de faire de la langue de bois.

 

Au niveau politique, le travail continue pour les député.es ?

Au sein de la commission des affaires sociales, j’ai été nommée à nouveau co-rapporteure avec Monique Iborra [députée LREM] sur la gestion de la crise sanitaire dans le médico-social. Cela signifie beaucoup d’auditions, de visioconférences, avec les enfants à la maison [Les enfants de Caroline Fiat parlent et jouent en fond tout au long de notre entretien.]. Télétravailler avec des enfants, ce n’est pas simple, et jouer le rôle de l’enseignante en plus entre deux visioconférences non plus. Je le vis au quotidien. Je félicite les parents qui réussissent à faire cela.

 

(video https://www.youtube.com/watch?v=OVgEZ2tjZBk

Caroline Fiat, en septembre 2019 à l’Assemblée nationale, sur les mouvements des soignants dans l’hôpital public. )

 

Cette période où l’on réfléchit à ce qu’il faudrait construire pour le « monde d’après » semblerait propice à faire se rassembler les gauches, mais on voit des conflits, sur les réseaux sociaux, entre la France insoumise et EELV…

Je n’aime pas trop les expressions « union de la gauche », « rapprochement des gauches ». Souvent, dans l’hémicycle, nous défendons les mêmes amendements, les groupes, PC, PS et FI [Il n’y a plus de députés EELV à l’Assemblée nationale depuis 2017]. Je me dis il n’y a pas besoin de rapprochement, nous sommes sur les mêmes positions dans le travail parlementaire. Après une crise comme celle que nous vivons, ce serait bien de voir que beaucoup d’amendements nous rapprochent plus qu’ils ne nous divisent, mais ce n’est pas à mon niveau que cela se décide...

Au Parlement, nous nous trouvons face à un mur. La majorité est vraiment sectaire. Tant qu’une demande ne vient pas d’eux, elle ne passe pas. J’ai souvent alerté les élus de la majorité dans l’hémicycle sur la situation dans les établissements de santé, hormis se moquer parfois, ils n’ont rien fait. Je me suis énervée, il y a des vidéos que des militants ressortent aujourd’hui de mon quotidien dans l’hémicycle qui résonnent différemment avec la crise. De retour à l’Assemblée nationale, je ne sais pas si je serai plus écoutée, mais je serai plus combattante.

Recueilli par Rachel Knaebel

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité