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Sous-Capitaine Jojo AdOC
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  • Comment devient-on opposant au système, c'est très simple, il suffit d'ouvrir les yeux. C'est juste un oxymore: "Écrire est une arme pacifique qui fonctionne correctement" On dit aussi objecteur de croissance, braves français n'ayez point peur de descend
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Sous-Capitaine Jojo AdOC
6 octobre 2019

Lagarde prends garde à toi, le FMI c'est fini et le capitalisme aussi

 

Octobre 2019

 

http://cecilia-zamudio.blogspot.com/2019/10/le-maquillage-vert-du-capitalisme-ne-change-pas-son-essence-predatrice-la-fable-greta-et-ses-limites.html

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Le maquillage vert du capitalisme ne change pas son essence prédatrice : la fable Greta et ses limites

Cecila ZAMUDIO

Les véritables écologistes de ce monde sont les peuples qui luttent contre la déprédation perpétrée par les multinationales : ceux qui donnent leur vie pour leurs communautés, pour les montagnes et les rivières. Chaque mois, des dizaines de ces véritables écologistes sont assassinés dans leurs pays : les balles des tueurs à gages du capitalisme transnational font exploser leurs têtes pleines d’honnêteté et de lutte, et ils meurent les mains propres, des mains qui n’auront jamais serré les mains infâmes du FMI, ni celles des autres vampires de la planète. La classe exploiteuse et son système capitaliste se perpétue sur la base de l’extermination et de l’aliénation : sur la base de la violence, mais aussi sur la base du mensonge qu’elle impose au moyen de ses médias de masse.

Sur plusieurs photographies et vidéos, on peut voir Greta Thunberg, le nouveau personnage hyper-médiatisé par l’appareil culturel du capitalisme, avec Christine Lagarde, directrice du FMI et candidate à la BCE (le FMI, cette institution du capitalisme transnational qui pille la nature et affame des peuples entiers). Une poignée de main qui illustre bien la joie des maîtres du monde saluant ceux qui les servent dans l’importante tâche d’infiltrer toutes les luttes avec des Chevaux de Troie qui mènent les énergies vers des impasses, qui manipulent les majorités dans des pseudo luttes qui ne touchent jamais à la racine des problèmes, et donc ne les résolvent pas. Le capitalisme qui est en train de détruire la nature, et la classe exploiteuse qui s’en bénéficie, ne sont pas remis en question par la Fable « Greta ». La planète meurt et la classe dominante continue avec son Cirque. C’est le cynisme absolu.

Dans le capitalisme, la télévision, la presse, l’industrie culturelle appartiennent aux monopoles privés : ces monopoles ont souvent aussi des capitaux dans le complexe militaro-industriel, l’industrie agroalimentaire, l’industrie chimique et pharmaceutique, etc... Tout ce qui précède explique pourquoi les médias de masse ne diffusent aucune information sur qui que ce soit qui questionne réellement leurs intérêts : aucune personne contestant la perpétuation de ce système, remettant en question le capitalisme, ne recevra une telle hypermédiatisation.

La déprédation de la nature est due au mode de production capitaliste : l’industrie agroalimentaire empoisonne la terre, l’industrie minière dévaste les montagnes et les rivières, etc. La surconsommation est un phénomène télécommandé par l’appareil culturel du capitalisme, par le bombardement publicitaire. L’obsolescence programmée, mécanisme pervers de vieillissement prématuré des choses, mis en œuvre à dessein dans le mode de production capitaliste, garantit également à la bourgeoisie que les masses surconsomment, car c’est ainsi que la bourgeoisie remplit ses coffres : sur la base de l’exploitation des travailleuses et des travailleurs et sur la base de la dévastation de la nature.

Il n’y a pas de solution à la dévastation de la nature dans le cadre du capitalisme. Face à la tragédie palpable de continents de plastique flottant sur les océans, de la déforestation vertigineuse des forêts millénaires, des glaciers détruits, des nappes phréatiques et des fleuves contaminés et asséchés, de cordillères amputées par l’industrie minière, de l’uranium appauvri avec lequel le complexe militaro-industriel bombarde des régions entières, des niveaux de CO2 en nette augmentation, le cynisme des maîtres du monde est colossal. Comme si leur abordage de la question était :

« On ne peut pas cacher le soleil avec un doigt, c’est-à-dire qu’on ne peut plus occulter la dévastation de la planète que nous, grands capitalistes, sommes en train de perpétrer ; alors maintenant, ce qui peut être fait pour continuer à piller et à capitaliser, c’est mentir sur les causes profondes et systémiques du problème. Ce qui est important, c’est qu’on ne nous désigne pas nous, comme responsables ; qu’on ne nous désigne pas en tant que propriétaires des moyens de production, qui décidons de ce qui se produit, dans quelles conditions et à quel rythme ; qu’on ne nous désigne pas nous qui nous enrichissons par le pillage de la nature et par la plus-value que nous confisquons aux travailleurs, qui décidons de la façon dont la population doit se comporter, puisque nous la poussons à la surconsommation qui nous enrichit, et l’induisons à ne pas remettre en cause ce système qui nous convient à nous, minorité dominante. Faire semblant de se soucier de la planète, rapportera de belles recettes, il suffit d’une bonne opération de propagande à l’échelle mondiale, que l’on nous voit écouter quelque symbole que nous aurons préalablement créé, quelque chose qui ne nous remette pas en cause en tant que classe dominante, en tant que classe exploiteuse, et qui, en définitive, ne remette pas en cause ce système ».

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Mais la gangrène ne soigne pas avec du sparadrap, et évidemment la prédation de la planète ne sera pas freinée par les placebos que le même système propose pour canaliser le mécontentement social vers des impasses.

Greta et son groupe font appel aux soi-disant « qualités morales » des maîtres du monde, font appel à leur prétendue « bonne volonté » ; une fois de plus, nous entrons dans la fable anesthésiante qui feint d’ignorer que dans le capitalisme l’accumulation de richesses est perpétrée par les grands capitalistes de deux manières fondamentales : l’exploitation des travailleurs et le pillage de la nature. Dans cette fable du greenwashing (lavage vert), est posée frauduleusement l’existence d’un soi-disant « capitalisme vert », ce qui est totalement impossible par la logique même du système. Un « capitalisme vert » n’est pas possible, pas plus qu’un « capitalisme à visage humain », pas plus qu’un lion végétarien. Et tout simplement parce que lorsque nous parlons de ce système économique, social, politique et culturel qu’est le capitalisme, nous parlons des mécanismes inhérents à sa logique : ca-pi-ta-li-ser.

Et à ceux qui avancent l’imposture qui proclame que : « les pays nordiques sont de grands exemples de capitalisme bon et vert » , leur rétorquer qu’ils feraient mieux de s’enquérir auprès des victimes des massacres que les grandes entreprises nordiques ont fomenté au Congo pour pouvoir piller jusqu’à la moelle le coltan et d’autres ressources. Ça vous parle Ericsson, Saab, Volvo, Bofors (armes), Nammo (armes), Kongsberg (armes), Ikea, H&M, etc ? Ni très “ vertes ” ni très “ humaines ” en ce qui concerne l’exploitation et la dévastation contre les travailleurs et contre la nature. Ah, si l’on réussit à externaliser hors du pays tout le cloaque des pratiques qui enrichissent une multinationale, alors ce cloaque n’est pas pris en compte ? Et le chiffre d’affaires faramineux des entreprises suédoises, norvégiennes et finlandaises sur la base de la vente d’armes, et leur participation lucrative dans toute nouvelle invasion de l’OTAN, ne sera pas non plus exposée dans la fable, n’est-ce pas ?

Un « capitalisme vert » n’est pas possible, pas plus qu’un « capitalisme à visage humain », pas plus qu’un lion végétarien. Parce que l’exploitation et la prédation sont inhérentes au capitalisme. Cependant, ce qui est possible, c’est de maquiller ce même visage inhumain et nullement vert du capitalisme, avec des tonnes de maquillage pour le faire paraître ce qu’il n’est pas. Mais un lion avec un masque de zèbre ne sera jamais végétarien comme l’effigie de son masque, tout comme un système comme le capitalisme, ne sera jamais « vert », comme les masques que le système médiatise de lui-même. Les grandes multinationales de l’énergie, prédatrices par excellence de la nature, arborent des logos de colibri ou de faune marine. BMW et une banque suisse financent le bateau avec lequel Greta sillonne les mers : les procédés de BMW ou de la banque suisse seront-ils alors moins polluants, moins infâmes ?

De plus, dans le discours du greenwashing, tout le monde est également coupable, et finalement... « si nous sommes tous coupables, personne ne l’est de manière spécifique », ce qui est une manière de diluer les responsabilités, de ne pas désigner les principaux responsables de cette barbarie : les grands capitalistes, la bourgeoisie transnationale.

Il est vrai que la surconsommation ne se limite pas à la bourgeoisie, car si celle-ci peut consommer beaucoup plus et engendrer un gaspillage effarant, la classe exploitée a également été aliénée par le bombardement publicitaire, pour la mener à surconsommer, même au prix d’accumuler des dettes. Mais encore une fois, il y a une question de classe : parce que c’est la classe exploiteuse, celle qui possède les moyens de production et de propagande, qui impose son hégémonie idéologique et culturelle à toute la planète, c’est la classe exploiteuse qui aliène la classe exploitée au moyen des médias de masse qui sont sa propriété. C’est au travers de l’aliénation que la classe exploiteuse dirige la classe exploitée vers la surconsommation. Une classe dirige l’autre au travers du bombardement publicitaire et au moyen des paradigmes imposés par l’appareil culturel du capitalisme (individualisme, consommation présentée comme « compensatoire », notion de “ succès ” liée à l’avoir et non à l’être, etc...). L’obsolescence programmée (vieillissement prématuré des choses) garantit également aux grands capitalistes que les masses surconsomment, pour remplir leurs comptes bancaires tout en dévastant la planète.

En 2019, les 26 personnes les plus enrichies du monde possèdent la même richesse que celle avec laquelle vivotent les 3,8 milliards de personnes les plus appauvries, soit la moitié de la population mondiale (Oxfam). Une poignée de milliardaires possèdent les principaux moyens de production et de propagande. 1 % de la population mondiale détient 82 % de la richesse mondiale. Les données sur la consommation d’énergie électrique par habitant montrent que ce sont l’Europe, les États-Unis, le Canada et les restantes métropoles capitalistes qui consomment, et de loin, l’immense majorité de l’énergie consommée dans le monde.

Dans le discours de maquillage vert, on assimile les déprédations commises par les grands capitalistes, par les gigantesques multinationales qui détournent des rivières entières pour l’industrie minière, aux peuples qui en sont les victimes. On assimile les victimes et les bourreaux dans ce discours abject du « nous sommes tous coupables » qui ne fait aucune distinction, ni de classes sociales, ni entre la poignée de pays qui consomment 80% des ressources de la planète (États-Unis, Europe, Canada, Japon, Australie et autres métropoles capitalistes) et tous les autres pays du monde (l’immense majorité) qui survivent avec les 20 % restants. Dans le discours du maquillage vert, on ne parle pas des métropoles capitalistes qui surconsomment, versus les périphéries capitalistes conçues par le capitalisme transnational comme de simples « réservoirs de ressources » et pillées jusqu’à la moelle, avec un impact écologique dévastateur et un impact social d’appauvrissement brutal ; on ne dit pas non plus que le pillage est perpétré en assassinant toute personne ou communauté qui élève sa voix contre le pillage capitaliste.

On assimile les multinationales prédatrices et les peuples qu’elles exterminent. Prenons l’exemple de ce que font Anglo American, BHP Billiton et Glencore en détournant une rivière entière pour utiliser l’eau dans la plus grande mine de charbon du monde, la mine de Cerrejón en Colombie, ce qui cause sécheresse, écocide, famine et génocide contre l’un des principaux peuples indigènes de Colombie, les Wayú. Plus de 14 000 enfants Wayú sont morts de faim et de soif à cause du pillage capitaliste perpétré par ces trois multinationales. Le charbon qui est extrait par tonnes est principalement destiné aux États-Unis et à l’Europe. Donc non, nous ne sommes pas « tous coupables de la même manière ». Une famille de travailleurs n’est pas coupable de la même manière qu’ un capitaliste. La multinationale Glencore n’est pas « coupable de la même manière » que le peuple Wayú, qui non seulement n’est pas coupable, mais subit un génocide. Les coupables ne sont pas les milliers de combattants sociaux, véritables écologistes, qui sont tués quotidiennement par les balles des tueurs à gages du capitalisme transnational ; mais bien ceux qui pillent la planète et paient des tueurs à gages pour exterminer toute opposition au pillage capitaliste.

 

MarcinhoMatos

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Pour nos mortes et nos morts, pas une minute de silence face à la barbarie et à la pantomime avec laquelle la bourgeoisie transnationale prétend couvrir ses crimes : plus de 1 500 paysans, indigènes, afro-descendants, écologistes, militants sociaux, ont été assassinés en Colombie par le capitalisme transnational en cinq ans, plusieurs milliers au Mexique, autant dans divers pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Et cette même bourgeoisie nous vient avec sa fable de l’adolescente à tresses, qui ne remet pas en question le système capitaliste et qui est hyper-médiatisée, avec cette mise en scène qui sent le paternalisme euro centré, avec ce décor qui pue le cynisme, avec ce théâtre qui pue la simulation pour que rien ne change.

Ils expérimentent pour voir à quel point nous avalons tous leurs montages avec un sourire béat, alors qu’eux, les membres de la classe exploiteuse, continuent à détruire les montagnes et les rivières, les océans et les forêts ; ils continuent de perpétrer des écocides et des génocides, ils continuent de pousser des millions de spoliés sur les routes de l’exode, ils continuent de transformer la planète en décharge et les êtres humains en aliénés (et à celui qui ne se laisse pas aliéner, et qui prétend se battre en dehors des tracés de l’inutile, lui est assénée la balle paramilitaire et militaire, la persécution politique et la prison

 

barinasveneuella

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« Tant que nous vivrons sous le capitalisme, cette planète ne sera pas sauvée ; car le capitalisme est contraire à la vie, à l’écologie, à l’être humain, aux femmes », exprimait Berta Cáceres, écologiste authentique et combattante sociale hondurienne, assassinée pour s’être opposée au pillage capitaliste. Chico Méndes, un autre écologiste authentique, défenseur de l’Amazonie et militant social assassiné pour faire taire sa voix de conscience de classe, pour tenter de freiner l’organisation politique des dépossédés, signalait déjà avant d’être assassiné, les impostures du greenwashing (on n’utilisait pas ce terme alors, mais le fait existait déjà). Contre le capitalisme et son Maquillage Vert, s’était également levée Macarena Valdés, écologiste Mapuche assassinée à cause de sa défense de la nature et de la communauté. Macarena avait affronté la multinationale RP Global, de capital autrichien , qui promeut une énergie vendue comme « renouvelable et durable » (omettant sa participation de l’écocide et du génocide contre le peuple Mapuche). Les militantes et militants contre la déprédation de la nature sont des milliers, leurs voix ne sont pas médiatisées, leurs vies sont souvent courtes parce qu’elles sont brisées par les outils répressifs au service du capitalisme transnational.

Et si un pays prétend nationaliser ses ressources naturelles et ne pas permettre aux multinationales de les piller, il est bombardé, victime des guerres impérialistes ; il est envahi par des mercenaires religieux, fanatiques incubés depuis l’empire, puis par les bottes de l’OTAN ; il est torturé, martyrisé, on lui impose des régimes sanguinaires. Où sont donc ces faux « écologistes” du système quand l’impérialisme étasunien et européen massacre la nature et les peuples en Irak, Libye, Colombie, Afghanistan, Yémen, etc ? Ah... là il n’y a pas de « manifestation » de leur part, n’est-ce pas ? ... Bien sûr, les marionnettes se doivent au théâtre, à berner les dupes, à faire que des milliers de personnes qui ont été (et sont quotidiennement) assassinées par le capitalisme transnational pour avoir véritablement défendu en première ligne la planète, soient encore d’avantage passées sous silence au milieu de toute la cacophonie, de l’hypermédiatisation de la fiction. Mais la lutte continue, contre le capitalisme et sa barbarie ; parce que la cosmétique avec laquelle ils prétendent couvrir sa puanteur, nous sommes nombreuses et nombreux à ne pas la gober.

Source :  http://cecilia-zamudio.blogspot.com/2019/10/le-maquillage-vert-du-capitalisme-ne-change-pas-son-essence-predatrice-la-fable-greta-et-ses-limites.html

 

 

 

 

Septembre 2019

Panique à la Réserve Fédérale et retour du Credit Crunch sur un océan de dettes

25 septembre par Eric Toussaint

En catastrophe, mardi 17 septembre 2019, la Réserve fédérale des États-Unis a injecté 53,2 milliards de dollars dans les banques car celles-ci ne trouvaient pas assez de financement au jour le jour sur le marché interbancaire et auprès de Money market funds (voir encadré « Qu’est-ce que les Money Market Funds ? »). Comme cette intervention exceptionnelle ne suffisait pas, elle a remis cela le mercredi 18, le jeudi 19 et le vendredi 20 septembre 2019 pour un total de 278 milliards de dollars. Elle a fait de même lundi 23 et mardi 24 septembre 2019. Ce type d’intervention fait penser au mois de septembre 2008 quand les grandes banques en pleine déconfiture ont arrêté de se prêter mutuellement de l’argent (ce qui a notamment provoqué la faillite de Lehman Brothers) et qu’elles ont dû appeler à l’aide les banques centrales. Les grandes banques privées n’avaient plus confiance les unes dans les autres. Le marché bancaire s’était subitement asséché, le terme credit crunch était apparu dans la presse pour désigner ce phénomène. A partir de ce moment, la Fed a injecté de manière permanente des liquidités dans les grandes banques privées des États-Unis et elle a également, jusque 2011 permis, aux banques européennes d’avoir accès à des liquidités en dollars de manière massive. Et pour cause : les banques étasuniennes et banques européennes étaient tellement interconnectées qu’un manque de liquidités en dollars en Europe aurait pu empêcher les banques européennes de tenir leurs engagements vis-à-vis des banques des États-Unis provoquant de graves difficultés pour celles-ci.

Suite sur http://www.cadtm.org/Panique-a-la-Reserve-Federale-et-retour-du-Credit-Crunch-sur-un-ocean-de-dettes

 

AOÛT 2019

 

https://bibliothequefahrenheit.blogspot.com/2019/08/adieux-au-capitalisme-autonomie-societe.html#more

18 août 2019

ADIEUX AU CAPITALISME Autonomie, société du bien être et multiplicité des mondes

 

« Il n’y a pas d’alternative : telle est la conviction que les formes de domination actuelles sont parvenues à disséminer dans le corps social. » S’inscrivant dans le nouveau cycle de la critique sociale, amorcé à partir du milieu des années 1990, après les décennies du triomphe néolibéral, Jérôme Baschet propose de partir d’une critique émancipatrice du capitalisme et de son engrenage productiviste-destructif, pour affirmer un projet alternatif, enracinant sa réflexion dans le sol des expériences concrètes, « utopies réelles » mises en oeuvres actuellement à travers le monde. Il s’agit de « penser une organisation sociale capable de soumettre les nécessités productives au principe du « bien vivre » pour tous et aux décisions collectivement assumées qui en découlent ». Une digne colère gronde : la lutte contre le capitalisme est la lutte pour l’humanité.

Le néolibéralisme apparaît désormais comme un état de crise permanent, instrument privilégié d’une « stratégie du choc » qui justifie toutes les réformes. Ainsi la crise financière ouverte en 2007-2008, « première crise globale du monde globalisée », a renforcé la soumission des États aux grands investisseurs financiers. Elle a également démontré que le capitalisme sait déjouer les pronostics de sa fin inéluctable, par sa plasticité, sa capacité à se réorganiser, à dépasser ses propres dysfonctionnements. Une relégitimation, même très partielle, des États est illusoire et servirait surtout à éteindre les critiques et les mobilisations transnationales émergentes. Les régulations ne sauraient être que des inflexions restreintes, dissimulant des dérégulations massives.
À partir des années 1970, le capitalisme, basé sur les institutions disciplinaires des États-nations, bascule vers une généralisation des normes mondiales de l’économie, avec une mise en concurrence des travailleurs à l’échelle mondiale, permettant la reconstitution des taux de profit, accentuant vertigineusement les inégalités sociales.
L’essor de la productivité est tel qu’un cinquième de la population active sera bientôt en mesure d’assurer l’ensemble de l’activité économique, radicalisant la contradiction entre production et consommation, ainsi que le maintien de « l’idole Travail comme fondement de la logique sociale ». L’éthique et l’intérêt général ont été remplacés par des techniques de management qui imposent une mise en concurrence généralisée et permanente : l’intériorisation des normes et la mobilisation intensifiée des volontés comme instrument de production du conformisme social.
À la tyrannie des horloges, imposée à l’origine du capitalisme, s’ajoute « une dictature des temps brefs », « tyrannie de l’instantané et du présent perpétuel ». De même, la marchandisation s’est étendue aux personnes et à la vie même. Jérôme Baschet conclut son analyse, sur laquelle nous passons relativement vite, par la nécessaire urgence de sortir du capitalisme :
« Nous ne voulons surtout pas refonder le capitalisme, mais en finir avec lui.
Nous ne voulons pas sauver le capitalisme, mais nous sauver de lui. »

Comme possibilité d’une organisation non capitaliste de la vie, contre la résignation à l’état de fait, il préconise d’étudier l’expérience rebelle des zapatistes et leur pratique de l’autonomie, sur lesquelles nous nous attarderons peu, renvoyant plutôt les lecteurs à LA RÉBELLION ZAPATISTE du même auteur. Refusant la prise du pouvoir, les communautés construisent leur auto-gouvernement et une réalité sociale neuve, en réduisant autant que possible la séparation entre gouvernants et gouvernés.
Si ce type d’organisation politique est inapplicable actuellement au niveau mondial, à condition de ramener les enjeux de gouvernement à une échelle infiniment plus mesurée, de cesser de perdre son temps à chercher des solutions aux problèmes insolubles que s’ingénie à multiplier la société capitaliste, il est possible de construire une autre forme de vie collective dans laquelle de toute façon la plupart de ceux-ci auront disparu. « Il n’est plus temps de prôner une démocratie participative qui, par la vertu de quelques doses homéopathiques de bonne volonté populaire, viendrait rendre un semblant de vitalité à une démocratie représentative fossilisée. Il ne peut s’agir que de donner au mot démocratie le sens radical sans lequel il continuera de sonner creux : faire de la démocratie le pouvoir du peuple, non pas seulement par l’origine dont il procède, mais dans son exercice même. » La découverte que nous sommes capables de nous gouverner nous-mêmes ruine les fondements de l’État et de la représentation politique moderne définis par Hegel. « Il s’agit de concevoir une forme d’organisation politique fondée sur l’autonomie des communes locales et sur leur capacité à se fédérer, en un emboîtement des différentes échelles d’organisation de la vie collective. » La base d’une telle organisation repose sur des modes d’autoproduction et des circuits les plus courts possibles entre producteurs et consommateurs, sur des médiations successives du bas vers le haut plutôt que par un recours à une instance supérieure unificatrice. Le peuple qui délégue sa souveraineté à l’État devient une fiction car l’appareil étatique s’arroge le monopole de la capacité à définir abstraitement l’intérêt général. C’est pourquoi il est temps de dégager les projets d’émancipation de leur asservissement à la forme étatique « pour faire prévaloir des formes politiques partant de la capacité de faire et de décider de chacun, et ancrées dans la multiplicité concrète des collectifs de vie ». « C’est par la coopération des dignités et des autonomies locales que le bien commun peut enfin commencer à se construire. »

Il s’agit de rouvrir le futur, d’imaginer, sans prétendre le prédéfinir, « un monde postcapitaliste possible, nécessaire et urgent », tout en prenant appui, de façon critique, sur les formes sociales en partie préservées de la logique marchande. « Les conditions techniques de la production autorisent à penser une radicale libération du travail » et d’ouvrir la voie à une société de la dé-spécialsation généralisée, tout en assurant l’essentiel de la production d’aliments et de biens manufacturés ainsi que les services de base requis par la collectivité, grâce à une activité répartie entre tous ses membres et demeurant inférieure à 12 ou 16 heures hebdomadaires. L’entretien des infrastructures de village ou de quartier devra faire l’objet de moment voués aux tâches communautaires. L’éducation pourra être amplement déscolarisée, dans le cadre d’un ensemble d’apprentissages théorico-pratiques accomplis « sur le terrain ». « La société post capitaliste est avant tout une société du temps disponible. » « Il n’est même plus question de travail, activité subie et ordonnant la vie toute entière, qui impose de se dessaisir de ses capacités manuelles ou intellectuelles et de les engager dans un projet dont la maîtrise revient à d’autres. » « La sortie du capitalisme signifie une « déséconomisation » radicale de l’univers collectif. »

Une rupture anthropologique avec l’universalisme des Lumières qui n’est que l’universalisation de valeurs européennes, est nécessaire. Il s’agit de stopper le processus séculaire d’expansion de la sphère marchande, « la guerre contre la subsistance » (Majid Rahnema et Jean Robert). La conception écocentrée et le sens du collectif des peuples indigènes pourraient constituer une source d’inspiration. Leur organisation collective est condensée dans leur revendication du « bien vivre », « affirmation de la vie humaine et non humaine, contre ce qui la nie, à savoir la puissance destructrice de la production-pour-le-profit ». C’est le qualificatif du vivre humain, par opposition à la quantification marchande, c’est le plaisir de l’être et du faire, « l’étique du collectif, qui fait prévaloir la solidarité, l’aide à autrui et la convivialité, au détriment des rapports de compétition et de domination », l’harmonie qui doit prévaloir entre les êtres, entre les humains et la Terre Mère. « Les aspirations émancipatrices inscrites dans l’histoire occidentale et celles qu’ont portées et portent les sociétés non occidentales peuvent se féconder mutuellement, pour mieux faire front au monde de la destruction. Il s’agit en quelque sorte de s’attaquer au système-monde capitaliste par les deux bouts, en alliant le désir de dépassement de ceux qui s’efforcent de sortir de la société de la marchandise et la capacité de résistance créative de ceux qui rechignent à s’y laisser absorber entièrement et défendent avec obstination des formes d’expérience partiellement préservées des rapports marchands. »
« Le monde commun part de l’autonomie des communautés locales, mais il suppose aussi la conscience d’une « communauté planétaire ». » Il s’agit de construire un « pluniversalisme » conciliant « le particulier et l’universel, la force de l’expérience locale et le soucis d’une humanité en quête de son accomplissement, la réalité concrète des solidarités interpersonnelles et la conscience de l’unité du genre humain », sur une « ligne de crête étroite, entre une homogénéisation destructrice de la diversité et des particularismes essentialisants ».
Sortir du capitalisme signifie rompre avec l’ensemble de l’organisation collective, politique et sociale, se défaire « d’une conception de l’homme qui n’est que la naturalisation d’une représentation fondée sur l’intérêt instrumental et destinée à convaincre du caractère indépassable – parce que inscrit dans l’essence même de l’être humain – du capitalisme », renoncer à « l’idée d’une nature (pré- ou extra sociale) de l’homme, la prééminence de l’individu sur la société et, enfin, la distinction entre nature et culture ».

Considérables et semblant insurmontables sont les obstacles qui se dressent pour empêcherer la réalisation du « monde du faire réconcilié, de la détente temporelle et de la créativité intersubjective ». Les dominants, peu enclins à renoncer à leurs privilèges, s’assurent un minimum de consentement pour maintenir quelques semblants de crédibilité avec l’idéologie des droits de l’Homme, la croyance dans la liberté d’expression et l’illusion de la démocratie électorale, même si leur fonction de leurre transparaît chaque fois avec plus d’évidence. « Finalement, la vie sociale relève d’un incroyable automatisme qui tient à l’incorporation pratique de ses normes : on agit ainsi parce que les choses sont ainsi. La permanence du système social repose donc sur une étrange tautologie : cela tient parce que cela tient. C’est-à-dire aussi… jusqu’au moment où cela commence à ne plus tenir. » S’enclenche alors un processus de dés-adhésion, de reconnaissance de l’arbitraire du monde social, donné jusque là pour un cadre intangible de vie, ouvrant la voie à la désobéissance, à l’insubordination, à l’expérimentation d’autres formes de subjectivités et d’autres manières d’agir. « Il ne s’agit plus de s’en remettre à un Événement majuscule, concentré dans le temps et reporté à un futur lointain, qu’il s'agisse de la conquête de l’État, d’une insurrection générale ou de l’effondrement du système capitaliste. Mais on ne peut pas non plus se contenter de parier sur la prolifération présente de micro-événements et de gestes singuliers. » La dynamique révolutionnaire commence ici et maintenant, entrelaçant l’immédiateté de ce qui se construit au présent, l’imminence de ce qui se prépare et l’espérance de ce qui n’est pas encore. « Il s’agit, par tous les moyens et sous toutes ses formes possibles, de créer ce que l’on appellera des espaces libérés », de récupérer notre puissance de faire, de l’amplifier en recréant des espaces de coopération au niveau du voisinage, de déjouer les pièges d’une séparation entre réflexion et action, d’oeuvrer à favoriser l’ « irruption autonome de ceux d’en bas », d’accélérer la contagion des dignes colères et la convergence des refus d’accepter l’inacceptable, etc. Il s’agit de résister, lutter contre et construire. Notre opportunité pourrait tenir à la confluence de l’intensification de la crise structurelle du capitalisme, à l’insurrection de la Terre Mère et à notre capacité à défendre et étendre des espaces libérés, phénomènes susceptibles de se combiner et de se renforcer mutuellement. La lutte contre le capitalisme est la lutte de tous les dépossédés, la lutte de « la biocommunauté humaine et non humaine pour sa survie ».
« Nous savons qu’un monde libéré de la double tyrannie de la marchandise et de l’État, de l’argent et du travail spécialisé, est possible, nécessaire et urgent. (…) Rien n’est écrit, mais du moins savons-nous à quoi nous en tenir : le capitalisme ou la vie ! »


À lire, à méditer, à relire, à prêter, à relire encore, à conseiller, à « arpenter » collectivement, à diffuser, à proposer haut et fort en place public, à discuter et surtout, à mettre en oeuvre sans plus attendre. Éminemment salutaire !

ADIEUX AU CAPITALISME
Autonomie, société du bien être et multiplicité des mondes
Jérôme Baschet

 

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« Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte »

 

Frantz Fanon (Peau noire, masques blancs)

 

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«Chaque fois que nous produisons une voiture, nous le faisons au prix d'une baisse du nombre de vies à venir»,

 

Nicholas Georgescu-Roegen, 1979

 

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« Le génocide assassine les peuples dans leur corps, l’ethnocide les tue dans leur esprit. »

 

Pierre Clastres

 

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« ...si l’individu atomisé des sociétés modernes mise sur la seule " valeur " matérielle pour se protéger des mauvaises surprises de la vie, c’est qu’il dépend de plus en plus d’un environnement qui l’a privé de tous les liens sociaux dont jouissaient ses ancêtres. En d’autres termes, si la recherche de l’argent ou du profit individuel est désormais considérée comme une valeur plus sûre que la pauvreté conviviale, il ne faut pas pour autant en conclure qu’elle est constitutive d’une " nature humaine " universelle. Mieux vaudrait en attribuer la raison aux effets déstabilisants des sociétés économicisées modernes sur les fondements de toute pauvreté conviviale. »...« toute institution qui crée les raretés responsables de la création de la misère ne peut pas être en même temps chargée de son éradication. »

 

Majid Rahnema (Quand la misère chasse la pauvreté)

 

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"Nulle constitution, nulle déclaration des droits, nul système électoral, nulle loi ne peuvent garantir la paix, la justice et l’égalité. Tout cela exige un combat permanent, des débats incessants impliquant l’ensemble des citoyens et un nombre infini d’organisations et de mouvements qui imposent leur pression sur tous les systèmes établis."
Howard Zinn,

 

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Au début, nous pensions qu’avec des connaissances scientifiques, en les mettant à la disposition de suffisamment de monde, on arriverait à mieux appréhender une solution des problèmes qui se posent. Nous sommes revenus de cette illusion. Nous pensons maintenant que la solution ne proviendra pas d’un supplément de connaissances scientifiques, d’un supplément de techniques, mais qu’elle proviendra d’un changement de civilisation (…). Pour nous, la civilisation dominante, la civilisation industrielle, est condamnée à disparaître.

 

Alexandre Grothendieck

 

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