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8 avril 2019

Gilets Jaunes Assemblée des assemblées à Saint-Nazaire relayée partout

 

ada_gilets_jaunesStNazaire

 

 

http://www.contretemps.eu/gilets-jaunes-etat/

 

Les Gilets Jaunes face à l’État

Laurent Baronian 2019.03.25

 

Dans Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, Marx entendait expliquer, à contrepied des pamphlets ad personam contre Napoléon III, comment les circonstances de la lutte des classes en France avaient permis à ce médiocre personnage de jouer le rôle de héros. Sans doute par l’étroitesse de ses vues, par ses petites phrases mesquines suant le mépris de classe, enfin par l’amateurisme insolite de son action politique, Macron prêterait à des analogies faciles avec « Napoléon Le Petit », tout comme les conditions de son élection avec le coup d’État du 18 brumaire. Mais le Second Empire a montré que dans certaines circonstances un homme médiocre pouvait faire jouer à l’État un grand rôle. Ce qu’il s’agit d’expliquer aujourd’hui, c’est au contraire comment les circonstances ont poussé un homme à prendre le pouvoir pour faire jouer à l’État un rôle aussi médiocre.

Le mouvement des Gilets Jaunes a été déclenché par une révolte contre l’impôt – la hausse de la taxe sur les carburants –, pour toucher rapidement tous les aspects de la vie sociale, des conditions d’existence économiques au mode d’existence politique, du pouvoir d’achat au RIC. La diversité des revendications et des mesures réclamées, l’étonnante variété des formes d’expression du mouvement (assemblées, manifestations, blocages, plateformes de discussion, ronds-points) tiennent moins à l’absence d’organisation verticale du mouvement qu’à la profondeur de la révolte contre l’indigence des conditions matérielles et des formes sociales de leur existence. Les Gilets Jaunes veulent tout pour ne plus n’avoir plus rien et être quelque chose.

Que le mouvement ait pris tout de suite la forme d’une contestation du pouvoir politique bien que les revendications des GJ engagent directement leur rapport au capital n’est nullement l’effet d’une conscience illusoire sur les conditions réelles de leur existence sociale mais au contraire l’expression directe de ces conditions. Le paradoxe de ces conditions, c’est que jamais elles n’ont autant dépendu de l’État alors même que l’État n’a jamais autant dépendu du capital : son rôle dans la reproduction de la force de travail croît en proportion de la perte de ses moyens.

Si les recherches académiques sur l’impôt et la politique fiscale font recette de nos jours, c’est que la fiscalité est devenue le compendium de l’action étatique. Aujourd’hui l’État fiscal, c’est l’État tout court, dont les taxes et les impôts tiennent lieu de politique générale. Aussi, la lutte contre le pouvoir d’État existant pour des conditions de vie nouvelles vient-elle de ce que le pouvoir politique se présente dans sa politique fiscale immédiatement comme pouvoir économique et de ce que le pouvoir économique du capital excède les frontières du pouvoir politique. Il nous faut donc analyser ces rapports particuliers de l’État au capital.

Depuis le début des formations sociales capitalistes, la gestion étatique de la force de travail a été, avec la gestion de la monnaie, la fonction essentielle de l’État et le mode décisif de sa contribution à la dynamique du capital. Aussi parmi les rares passages du Capital consacrés à l’État, Marx souligne l’importance de cette fonction lorsque, dès le début de la révolution industrielle, l’État dut intervenir pour limiter la journée de travail[1]. Mais il faudra attendre longtemps encore avant que la gestion étatique de la force de travail n’entre comme ingrédient d’une politique économique d’ensemble.

C’est que deux conditions au moins furent nécessaires pour que l’État intervienne dans la société capitaliste comme puissance économique à part entière. Il fallut d’abord que la force de travail se constitue en classe ouvrière, autrement dit qu’elle instaure, au moyen de statuts, de qualifications formelles, de droits sociaux, un rapport collectif de classe avec le capital ; et ensuite que la classe ouvrière soit incluse comme sujet économique dans un circuit de flux représentant la formation et l’affectation des revenus monétaires.

C’est pourquoi la gestion étatique de la force de travail fut indissociable de la gestion étatique de la monnaie à l’ère fordiste. La cohérence apparente des interventions de l’État, sur laquelle la théorie de la régulation a élaboré son concept de régime d’accumulation, procède en réalité de la nécessité stratégique d’unifier ces deux gestions par rapport au mouvement d’ensemble des différents flux économiques.

Car ce qui a donné à la politique économique son unité formelle jusqu’aux premières poussées néolibérales, c’est un changement profond dans la manière dont l’État se rapporte au travail. Désormais l’État n’appréhendera plus la force de travail comme une masse hétérogène à réguler et contrôler au moyen d’institutions disciplinaires, mais d’abord et avant tout comme une masse salariale, comme un grand flux de revenus monétaires. C’était d’abord cela, les Trente Glorieuses : l’inclusion de la classe ouvrière comme sujet économique dans un circuit de flux monétaires se répartissant en profits et en salaires !

À l’ère fordiste, la gestion étatique de la force de travail consistant à suppléer au salaire direct un salaire indirect pour garantir la reproduction de la force de travail n’exprime aucunement l’intervention d’un État-providence extérieur à l’économie ; les modalités d’intervention et de gestion étatiques sont bien plutôt définies par référence à la primauté du salariat et dont l’étendue varie en fonction de l’intensité de la lutte des classes.

Pour autant, l’État est par essence porteur d’une contrainte publique qui ne peut médiatiser chaque rapport d’exploitation. C’est pourquoi la combinaison des différents aspects de la gestion de la force de travail (discipline du travail, insécurité de l’emploi, permanence de l’approvisionnement en force de travail au moindre coût possible) implique une intervention étatique dans le procès d’accumulation du capital qui reste néanmoins extérieure à ce procès. C’est ce caractère à la fois immanent et extérieur au capital qui explique la grande plasticité de l’État dans l’histoire et l’extrême diversité des tentatives de la théorie marxiste de l’État de définir sa nature et de cerner l’ampleur de ses fonctions. Or, ce double caractère découle de la nature même des conditions du rapport capital-travail.

D’un côté, le contrat de travail met en relation deux individus libres et égaux (l’employeur et le salarié), d’un autre côté, le marché du travail définit un rapport collectif entre une demande de travail exprimée par une masse salariale potentielle et une offre de travail à un prix déterminé. Or ce prix renvoie aux conditions de reproduction de la force de travail dans son ensemble et non à celles du salarié. D’où la différence entre le salaire direct, payé au travailleur individuel par l’employeur, et le salaire indirect pris en charge par l’État et qui complète ce salaire immédiat afin de garantir la reproduction d’ensemble de la valeur de la force de travail mise à la disposition du capital.

Or tout change lorsque les flux monétaires et les flux de capitaux échappent au contrôle de l’État, lorsque la gestion étatique de la force de travail ne s’inscrit plus dans une double politique monétaire et budgétaire par laquelle l’État ne stimulait pas les salaires sans stimuler la demande de biens de consommation et ne favorisait pas les profits sans favoriser la demande de biens de production, bref, par laquelle il organisait le compromis de classe dans les frontières de son espace national.

Avec la mise en coupe réglée des moyens d’action de l’État, c’est tout un rapport de forces qui bascule toujours plus en faveur du capital et, dix ans après la crise financière de 2008, trouve en Macron la figure cynique de son triomphe retrouvé. Son arrivée au pouvoir sonne la reprise de l’agenda de la mondialisation financière là où la crise l’avait interrompu. Macron, inspecteur des finances et ancien banquier de chez Rothschild, se comporte dans sa carrière comme l’agent entre l’État et les marchés financiers : des allers-retours constants entre le public et le privé, et s’entoure d’un personnel qui ne saurait imaginer soutenir d’autres intérêts que ceux des marchés : sur les trente-deux ministres et secrétaires d’État, quinze sont millionnaires[2].

Pour les intérêts du capital, Macron est l’homme de la situation non parce qu’il se montre résolu et intransigeant mais parce que, au moyen de la seule politique fiscale, une politique de classe ne peut qu’être résolue et intransigeante. C’est qu’une politique fiscale affecte directement les revenus constitués de la nation, non pas les conditions de formation et d’affectation de ces revenus comme le font les politiques monétaire et budgétaire. Keynes faisait observer que les salaires résistent bien moins à la hausse des prix des biens de consommation à salaire égal qu’à la baisse des salaires nominaux à prix constants[3]. Or dans la mesure où elle affecte directement les revenus des individus et des ménages, la politique fiscale apparaît ouvertement comme une politique de classe déterminant les rapports monétaires immédiats entre les classes de la société.

L’État débiteur du néolibéralisme n’a pas remplacé l’État fiscal du keynésianisme, contrairement à ce qu’on ne cesse de répéter depuis les analyses de Wolfgang Streeck[4]. Il est vrai qu’en France la titrisation de la dette publique provoque actuellement la sortie de plus de 20 milliards d’euros tous les ans à destination des détenteurs non-résidents des bons du Trésor et qu’à cette contrainte s’ajoutent les critères de bonne gestion par des investisseurs pour lesquels la valeur d’un État se résume à son bilan comptable.

Mais un examen plus approfondi de l’évolution des ressorts économiques de l’État nous révèle une typologie contraire à celle de Streeck. C’est par la dette que l’État keynésien assurait le compromis de classe à travers ses politiques de relance ; et c’est par la fiscalité qu’aujourd’hui il capte les flux de monnaie et de capitaux extérieurs pour alimenter les moyens de sa gestion de la force de travail. Dans le capitalisme mondial, l’État se présente à la fois comme axiome de sa logique et appareil de capture de ses flux.

Or, les pouvoirs étatiques de capture sont d’autant plus faibles que s’intensifie la concurrence fiscale entre les États en quête d’investissements de capitaux, que s’unifient et se concentrent les différentes places boursières de la planète, que se développent les moyens de transport et de communication. De ce point de vue, l’optimisation fiscale, qui n’est rien d’autre que la fraude fiscale élevée au rang de loi, se présente comme le produit joint des entreprises internationalisées : elle est une délocalisation du travail sous sa forme liquide.

Ainsi les multinationales réalisent volontairement la moitié environ de leurs transactions internationales de manière intragroupe en aboutissant à héberger une partie importante de leurs bénéfices dans des « paradis fiscaux » ou des pays fiscalement particulièrement favorables. D’où, en France, des taux d’imposition bien moindres que pour les grandes et petites entreprises françaises. D’où la course vers le bas des prélèvements obligatoires (impôt sur les sociétés et cotisations sociales).

La France n’est pas seulement exposée à tous les vents de la mondialisation, elle est une terre d’asile pour ses flux nomades étrangers : le septième pays au monde le plus attractif en termes d’investissements étrangers et le deuxième en Europe. Suivant les derniers chiffres publiés par l’INSEE[5], près d’un salarié sur deux des entreprises des secteurs principalement marchands hors agriculture (hors intérimaires) travaille en France dans une firme multinationale, soit 6,8 millions de salariés.

Parmi eux, 1,8 million sont employés dans une entreprise sous contrôle étranger. À l’inverse, les groupes internationalisés sous contrôle français emploient 4,6 millions de salariés à l’étranger, soit 53 % de leur effectif mondial. L’industrie en France est donc particulièrement insérée dans la mondialisation avec 64 % de son emploi situé dans une multinationale. Les groupes multinationaux sous contrôle français et ceux sous contrôle étranger emploient ainsi respectivement 43 % et 21 % des salariés industriels sur le territoire français. Au total donc, 1/6 de l’emploi salarié, hors agriculture, dépend directement de capitaux étrangers et un bon tiers dépend de stratégies internationales de firmes françaises.

Or, les mutations des entreprises, leur fragmentation, le déploiement mondial de leur chaîne de valeur, brouillent leurs frontières mais aussi et surtout l’identité de l’employeur aussi bien dans le cadre individuel que collectif des relations de travail. C’est sur ce terreau que fleurissent, au sein d’une partie du mouvement des GJ, divers complotismes, quelques vieux clichés antisémites, des symboles nationaux qui manifestent l’impuissance et la révolte contre les forces « hostiles et étrangères » de la mondialisation qui jouent aujourd’hui en France le rôle que jouait il y a tout juste un siècle la France du Traité de Versailles vis-à-vis des Allemands.

Mais la mondialisation du capital n’affecte pas uniquement la quantité d’emplois supprimés en France, elle affecte la qualité des emplois qui y sont créés. La tertiarisation croissante de l’économie avec ses besoins changeants, les reconfigurations incessantes des chaînes de valeur des entreprises françaises et étrangères, le développement accéléré de l’économie des plateformes qui bouleversent les relations d’emploi traditionnelles, entraînent une multiplication des formes d’activité et d’emploi, une diversité de statuts qui dessinent un paysage éclaté, complexe et mouvant.

Et d’abord il faut relativiser le pourcentage en apparence rassurant des CDI dans l’emploi en France. Non seulement le taux d’entrée des travailleurs en CDI ne cesse de diminuer, mais parmi ces 85 % de CDI, le poids du temps partiel dans l’emploi total a quasiment doublé en trente ans et la baisse de la durée des contrats observée dans la dernière décennie s’étend également aux CDI par le jeu des périodes d’essai.

Le taux d’entrée en CDD quant à lui a évolué sans ambiguïté. Ainsi, depuis 1993, ce ratio est multiplié par plus de 4 pour les entreprises de plus de 50 salariés, passant de 20,5 % en 1993 à 84 % en 2017[6]. Or aucune composante conjoncturelle ne ressort de l’analyse de ces chiffres. Ceux-ci expriment bien des tendances de long terme de l’emploi en France. Bien plus, la montée de ces CDD coïncide avec une diminution croissante de leur durée moyenne, laquelle génère une hausse du nombre de CDD pour un volume de travail donné. Ainsi la durée moyenne a été divisée par deux depuis 2001 passant de 112 jours à 46 jours en 2017.

Globalement donc, la hausse du nombre d’embauches sur cette période est largement liée à la baisse de la durée des contrats. En particulier, tandis que la part des contrats d’un mois a augmenté de 57 % en 1998 à 87 % en 2017, celle des contrats d’une seule journée s’est accrue de 8 % en 2001 à 30 % des CDD en 2017. Or, non seulement le raccourcissement de la durée moyenne des contrats est source de précarisation du travailleur ; elle entraîne un affaiblissement de ses droits et l’expose à des conditions de travail dégradées, à la négligence, à la brutalité du rapport de subordination à son employeur.

D’un côté, les frontières entre salariés tendent à se brouiller, de l’autre la rotation de la main d’œuvre s’accélère sous l’effet de la flexibilisation des formes d’emploi, toujours plus concentrée chez les jeunes, les seniors et les moins qualifiés. D’un côté la mise en concurrence internationale des travailleurs peu ou moyennement qualifiés fait pression sur les salaires et affaiblit le pouvoir de négociation des salariés, de l’autre côté la concurrence mondiale des entreprises elles-mêmes pousse au recours massif à l’intérim et aux contrats courts, lesquels exposent à leur tour les travailleurs à la discipline de travail et aux pouvoirs abusifs de l’employeur.

Ainsi, plus le rapport du travail au capital s’individualise et se diversifie, plus s’accroît le rôle de l’État dans la socialisation de la gestion de la force de travail. Parmi les indicateurs de la socialisation croissante, aucun n’est sans doute plus éloquent que l’évolution de la part des prestations sociales dans le revenu disponible des ménages. Elle a plus que doublé depuis 1950 et représente aujourd’hui plus d’un tiers du revenu brut disponible, c’est-à-dire hors impôts et cotisations sociales. Cette part représente plus de la moitié pour les trois premiers déciles de la population et les ¾ des revenus du premier décile[7].

Pourtant, même si la protection sociale tend à s’universaliser, en particulier pour la branche famille et la couverture maladie de base, elle reste largement dépendante du statut du travailleur (salarié ou indépendant) et de la continuité plus ou moins grande de sa trajectoire. Les parcours heurtés impliquent des ruptures de droits qui réduisent les revenus de transfert comme le chômage et la retraite.

Ainsi par exemple, près d’un chômeur sur deux n’est pas indemnisé en France. Et même si certaines réformes réduisent l’incidence des aléas du parcours professionnel, d’autres la renforcent, comme l’augmentation de la durée retenue pour le calcul du salaire de référence et l’allongement de la durée d’assurance requise et ce, alors que le niveau des pensions ira en décroissant à long terme. Ces conditions s’aggravent encore pour les indépendants dont l’augmentation dix fois plus rapide que l’augmentation du salariat est due pour l’essentiel à la multiplication des activités de tâcheronnage. Ici la faiblesse des droits sociaux n’est guère compensée par la détention d’un patrimoine. Or la moitié des non-salariés dont le revenu est positif déclare moins de 2000 euros par mois[8].

Le tournant autoritaire et répressif des États néolibéraux ne contredit nullement la promotion de la liberté économique et de l’efficience des marchés. Il la poursuit par d’autres moyens, de même que la police des salaires remplace aujourd’hui la politique des salaires de l’État keynésien au nom de ces mêmes principes de liberté et d’efficience. Et comme toute police, la police des salaires remplit ses deux fonctions : prévention et répression. Prévention par la stabilisation des conditions d’existence face à la précarité découlant des aléas de la concurrence et des marchés mondiaux, quitte à ce que cette stabilisation passe par un accès plus aisé au crédit à la consommation. Répression par le maintien des salaires à des niveaux assez bas pour aménager l’espace national de déploiement du capital et des modes d’existence qu’il promeut.

Sans doute les GJ ont-ils intériorisé les contraintes propres à la marchéisation des conditions de la vie sociale et dont le gilet jaune lui-même est une des manifestations, mais la variété des modes d’expression de leur révolte contre l’indigence des conditions matérielles de cette intériorisation démontre qu’ils ne sont nullement prêts à subjectiver la figure de l’atome producteur-consommateur de services associée à ces contraintes. Ils apportent la preuve que la nouvelle raison du monde n’était justement qu’un être de raison et déclinent au cœur de leur révolte la contradiction immanente au capitalisme en général : entre le caractère social de la production de leur individualité et les formes privées sous lesquelles le discours et les institutions du capital tentent de subsumer cette production.

Quelle que soit son issue immédiate, le mouvement des GJ est rentré dans l’histoire sociale non seulement par la nouveauté des formes et l’exceptionnelle durée de la mobilisation, mais par l’orientation que, après les Grecs, il redonne aux mouvements populaires européens. Il déplace la révolte au cœur de l’État qui, quelques années plus tôt, avait, pour la défense des intérêts de ses banques et de ses créanciers, provoqué ce même soulèvement en Grèce et n’avait pas hésité à faire renverser des gouvernements trop hésitants à procéder « à la privatisation des services publics locaux et « à des changements spectaculaires dans la politique du marché du travail »[9].

Par ses blocages, ses assemblées, ses ronds-points, ses discussions sur les réseaux sociaux, le mouvement des GJ relance par le bas le problème de la forme étatique européenne, qui n’avait été abordé par le haut que sous la menace d’une crise bancaire. Cette menace avait fourni aux gouvernements européens l’occasion d’une réforme fiscale et financière de la zone euro. On se contenta de rassurer les marchés par le Fonds Européen de Stabilité Financière et la promesse d’interventions de la BCE sur les marchés obligataires publics. Pour le reste, on préféra la saignée des peuples à l’euthanasie des rentiers.

 

Notes

[1] K. Marx, Le Capital. Livre 1, Messidor/Éditions sociales, Paris, 1983, pp. 310-311.

[2] M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot, Le président des ultra-riches, Zones, 2019, p. 96.

[3] J. M. Keynes, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, Payot, 1968, p. 38.

[4] Wolfgang Streck, Du temps acheté : La crise sans cesse ajournée du capitalisme démocratique, Gallimard, Paris, 2014.

[5] INSEE, Les entreprises en France, Édition 2013.

[6] DARES, « CDD, CDI : comment évoluent les embauches et les ruptures depuis 25 ans ? », DARES analyse, N°26, juin 2018.

[7] INSEE, « Tableaux de l’économie française », INSEE Références, 2018, p. 62.

[8] INSEE, « Les revenus d’activité des non-salariés en 2016 », INSEE Première, N° 1732, Janvier 2019.

[9] Lettre de Jean-Claude Trichet, alors président de la BCE, adressée à Silvio Berlusconi, Président du Conseil italien, et Zapatero, Premier ministre espagnol, posant les conditions pour bénéficier des achats d’obligations par la BCE. Citée dans A. Tooze, Crashed. Comment une décennie de crise financière a changé le monde, Les Belles Lettres, 2018, p. 447.

 

 

Gilets Jaunes : Compte Rendu de l’assemblée des assemblées de St Nazaire du 6 avril 2019
de : resistance71
samedi 6 avril 2019 -

https://resistance71.wordpress.com/2019/04/06/gilets-jaunes-compte-rendu-de-lassemblee-des-assemblees-de-st-nazaire-du-6-avril-2019/

 

Résistance 71

6 avril 2019

Nous avons suivi ce second jour de l’AdA se tenant à la Maison du Peuple de St Nazaire du 5 au 7 avril courant sur le direct retransmis depuis l’assemblée, dont nous saluons l’excellente initiative.

Nous ne ferons ici que mentionner les thèmes qui furent synthétisés par les portes paroles des groupes de travail et ne commenterons pas sur ce qui fut dit, ce n’est pas ici notre fonction.

Les représentants des groupes de travail ont synthétisé et parfois soumis à l’évaluation collective, le travail effectué sur les thèmes suivants :

- Coordination et communication : interne et externe (régionale, nationale et internationale). Note faite sur le besoin de traductions

- Refus de l’implication pour les élections européennes : le consensus étant non à l’UE, oui à l’union des peuples…

- Nécessité d’un développement généralisé des Maisons du Peuple

- Les revendications du mouvement : pas de consensus

- Le municipalisme / communalisme populaire ou citoyen : choix de terminologie politique. - -

 Les assemblées sont les communes. Doit-on coopérer avec les maires ou entrer en désobéissance civile ?

- Assemblées constituantes : une proposition (peu claire) fut déboutée en première évaluation

- L’écologie

- La session s’est terminée avec la présentation des synthèses de groupes sur les stratégies et actions pour le mouvement : à juste titre, ces synthèses de travail furent faites hors caméras et micros lors de cette phase initiale…

Demain dimanche 7 avril, d’autres synthèses déboucheront sur des votes des délégués et un communiqué officiel de cette Assemblée des Assemblées qui repartira dans les assemblées locales pour débat et vote de validation.

Nous l’avons dit et le répétons alors que Commercy dans un 1er temps et maintenant St Nazaire nous montrent la voie. Nous invitons le plus de personnes possibles à suivre ces débats en direct, pour ceux qui ne connaissant pas le principe et le fonctionnement d’une AG, c’est l’occasion de le découvrir de l’intérieur, ces retransmissions ont une fonction parfaitement éducative en plus de garantir la transparence du processus démocratique réellement en marche, RDV demain à partir de 09h00.

6 avril 2019

Lien vidéo LIVE pour la seconde assemblée des assemblées se tenant à la Maison du Peuple de St Nazaire les 5, 6 et 7 avril 2019..

CR de la session du 6 avril 2019

https://www.youtube.com/watch?v=_aFv7KaYnjs

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https://www.revolutionpermanente.fr/Saint-Nazaire-Grand-succes-de-la-deuxieme-Assemblee-des-assemblees-de-Gilets-jaunes-300-delegations

Acte 21
Saint-Nazaire. Grand succès de la deuxième « Assemblée des assemblées » de Gilets jaunes : 300 délégations présentes

Deux mois après Commercy, se réunit la deuxième « assemblée des assemblées » des Gilets jaunes. Une grande réussite dans la mesure où ce sont 300 délégations de qui s’y sont joints, contre 75 pour la première. Une preuve de plus s’il en faut que, près de 5 mois après le 17 novembre, et alors que le grand débat se conclut, le mouvement des Gilets jaunes est loin de s’éteindre.

 

 

Alors que la première coordination tenue les 26 et 27 janvier avait réuni 75 délégations de Gilets jaunes à Commercy dans la Meuse, ce sont 300 délégations qui ont répondu présentes pour cette deuxième « assemblée des assemblées » des Gilets jaunes à Saint-Nazaire. La réunion se tient actuellement à la maison du Peuple de Saint-Nazaire, ancien bâtiment de Pôle Emploi occupé par les Gilets jaunes depuis novembre. Commencée le 5 avril, elle se terminera dimanche.

Chaque délégation est composée de 4 personnes, dont 2 mandatées et 2 observatrices, toutes désignées par leur groupe local de Gilet jaunes. En tout ce sont 800 portes-parole venus de tout le pays qui sont réunis pour débattre ce week-end, représentant environ 10 000 Gilets jaunes selon les organisateurs.

Le succès de l’assemblée est tel que les organisateurs avaient annoncé sur leur site devoir refuser des demandes de participation les derniers jours, ne trouvant pas de salle disposant de la jauge suffisante. Une partie des débats est retransmise en direct sur Facebook et YouTube.

Les six points à l’ordre du jour sont « les modes d’action du mouvement, la formulation des revendications, la communication interne et externe, les points de convergence avec les syndicats et d’autres collectifs, et l’avenir du mouvement » selon Nicolas, un des organisateurs de l’assemblée cité par France 3 Pays de la Loire->https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/saint-nazaire/saint-nazaire-gilets-jaunes-reunis-assemblee-assemblees-1650926.html]

Alors qu’encore et toujours les médias dominants tentent de minimiser les chiffres de manifestants pour cet acte 21, le succès de l’assemblée des assemblées de Saint-Nazaire peut constituer un appui pour avancer vers une coordination nationale des Gilets Jaunes, contribuant ainsi à l’émergence d’une structuration démocratique par le bas, contre toute forme de captation du pouvoir. 

A propos de l’Assemblée des assemblées qui avait eu lieu à Commercy voir notre reportage .

 

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https://reporterre.net/A-Saint-Nazaire-l-Assemblee-des-assemblees-veut-sortir-du-capitalisme

À Saint-Nazaire, l’Assemblée des assemblées veut sortir du capitalisme

8 avril 2019 / Hervé Kempf (Reporterre)

L’Assemblée des assemblées des Gilets jaunes s’est réunie à Saint-Nazaire du 5 au 7 avril 2019. Réunissant près de 800 délégués venus de toute la France, elle a marqué la détermination du mouvement, sa radicalité, et sa volonté d’organiser les Gilets jaunes démocratiquement et sans leader.

- Saint-Nazaire, Loire-Atlantique, reportage

Même si Macron ne veut pas,
nous on est là,
pour l’honneur des travailleurs
et pour un monde meilleur,
même si Macron ne veut pas,
nous on est là. »
Entonné par toutes les poitrines, le chant a surgi dimanche après-midi, dans la confusion d’une assemblée plénière qui travaillait à élaborer un texte final. Une belle conclusion pour un mouvement qui veut maintenir son unité : « Il y a des divisions, on est tous de milieux différents et d’avis politiques différents, mais on est tous là parce qu’on est Gilets jaunes », a dit samedi une femme en plénière. « Il faut faire avec ces différences pour avancer tous ensemble. » Et le miracle est que malgré toutes les possibilités d’éclater — les divergences politiques, les egos, l’opposition entre les « intellectuels » et celles et ceux pour qui la prise de parole n’est pas simple, la difficulté aussi de s’entendre à cinq cents dans des conditions très inconfortables —, l’Assemblée des assemblées a donné un message d’unité et s’est conclue par un appel clair et substantiel.

Ce sont près de 800 personnes — délégués de 200 groupes locaux, observateurs non mandatés, bénévoles, journalistes — qui se sont retrouvées vendredi 5 avril dans « la Maison du peuple », une ancienne agence pour l’emploi occupée depuis plusieurs mois par les Gilets jaunes de Saint-Nazaire. La mairie avait refusé de prêter un local, et fait pression sur les communes avoisinantes pour empêcher toute aide, si bien que les Gilets jaunes de la ville portuaire ont choisi de tenir l’assemblée dans leur maison.

En quelques semaines, ils en ont abattu les murs internes pour faire de la place, et installé des chapiteaux tout autour, dans le terrain dégagé qui entoure le bâtiment principal. Si bien qu’avec beaucoup d’aides de partout, de cantines délicieuses et militantes, de toilettes sèches, de centaines d’hébergements organisés dans la ville, et malgré la pluie presque incessante, les Gilets jaunes ont débattu pendant deux jours et demi, en plénière ou en groupes thématiques, avec une assiduité et un sérieux impressionnant.

Les témoignages entre groupes, pour se connaître, ont rappelé et la dureté de la répression de l’Etat à l’endroit de ce mouvement populaire, et la détermination tenace que celui-ci lui oppose. « À Troyes », dit Philippe, « le rond-point tient depuis le 17 novembre. Le préfet nous a fait dégager six ou sept fois, on est toujours revenus. » « On retourne à Paris même si c’est dangereux », dit de son côté Mariline de Saint-Dizier, « et le 16 mars, j’y ai été avec une amie en chaise roulante qui avait déjà reçu une balle de LBD le 8 décembre. Parce que c’est une lutte, il faut montrer qu’on est là. »

La violence de l’Etat semble accroître la détermination des Gilets jaunes plus que l’affaiblir. Tout le week-end de Saint-Nazaire a été innervé par la volonté tenace de refaire démocratie, de rétablir la justice, et de changer un système nuisible à l’écologie comme aux humains. Une écologie bien présente, avec des ateliers spécifiques... et la surprise dimanche quand Macron a surgi ! Enfin, son portrait, apporté sous les acclamations par le GIGNV (Groupe d’intervention des grenouilles non violentes), un groupe local d’ANV - COP21, rappelant que la lutte contre Macron se conjugue au combat pour le climat.

La démocratie ? Elle semble le cœur de l’aspiration du mouvement. On ne changera les choses que si l’on redonne la parole et le pouvoir à toutes et à tous. « On insiste beaucoup sur l’horizontalité », dit Jani, de Noisy-le-Sec, « Pas de chef ; la rue nous unit, les élections nous divisent ; et il y a une diversité du mouvement, même si on est plutôt à gauche et pour l’écologie ». Mais, dit Arthur, de Lorient, « il faut trouver l’équilibre entre spontanéité et organisation ».

Un équilibre difficile à trouver, comme on l’a vu dans la plénière finale, dimanche après-midi, qui devait adopter un texte final à partir des réflexions de tous les groupes thématiques réunis la veille. La configuration même de la salle compliquait la discussion, avec un centre d’où se distribuait la parole, les délégués l’entourant mais avec des prolongements rectangulaires : faire cercle dans des parallélépipèdes biscornus n’est pas simple !

Vote d’approbation d’un texte.

Le texte final est cependant abouti et substantiel :
• revendication de l’augmentation des salaires, des retraites et des minimas sociaux, avec une attention particulière aux neuf millions de pauvres ;
• convergence avec l’écologie, « fin du monde, fin du mois, même logique, même combat  », et appel aux écologistes — « toutes les personnes voulant mettre fin à l’accaparement du vivant » — « à assumer une conflictualité avec le système actuel » ;
• encouragement aux « nouvelles formes d’une démocratie directe », que les assemblées des Gilets jaunes veulent mettre en place, sans « aucun leader autoproclamé » ;
• et désir d’une transformation globale : « conscients que nous avons à combattre un système global, nous considérons qu’il faudra sortir du capitalisme ».

L’Assemblée des assemblées a aussi adopté des textes sur les élections européennes (refus de participer), sur la répression (revendication de l’amnistie des prisonniers et condamnés), sur l’écologie et sur les assemblées locales.

Elle a aussi appelé à des actions coordonnées des Gilets jaunes, notamment durant la semaine du 1er mai. Et décidé que la prochaine Assemblée des assemblées se réunira en juin.

 

 

https://reporterre.net/Gilets-jaunes-l-Appel-de-Saint-Nazaire

Gilets jaunes : l’Appel de Saint-Nazaire

8 avril 2019

Réunie du 5 au 7 avril à Saint-Nazaire, l’Assemblée des assemblées des Gilets jaunes a adopté dimanche 7 un appel final. En voici le texte. Nous publions aussi les textes annexes adoptés, sur l’écologie, la répression, les élections européennes et les assemblées citoyennes.

« Nous Gilets jaunes, constitués en assemblées locales, réunis à Saint-Nazaire, les 5, 6 et 7 avril 2019, nous adressons au peuple dans son ensemble. À la suite de la première assemblée de Commercy, environ 200 délégations présentes poursuivent leur combat contre l’extrémisme libéral, pour la liberté, l’égalité et la fraternité.

Malgré l’escalade répressive du gouvernement, l’accumulation de lois qui aggravent pour tous les conditions de vie, qui détruisent les droits et libertés, la mobilisation s’enracine pour changer le système incarné par Macron. Pour seule réponse au mouvement incarné par les Gilets jaunes et autres mouvements de lutte, le gouvernement panique et oppose une dérive autoritaire. Depuis cinq mois partout en France, sur les ronds-points, les parkings, les places, les péages, dans les manifestations et au sein de nos assemblées, nous continuons à débattre et à nous battre, contre toutes les formes d’inégalité et d’injustice et pour la solidarité et la dignité.

Nous revendiquons l’augmentation générale des salaires, des retraites et des minima sociaux, ainsi que des services publics pour tous et toutes. Nos solidarités en lutte vont tout particulièrement aux neuf millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Conscients de l’urgence environnementale, nous affirmons, fin du monde, fin du mois, même logique, même combat.

Face à la mascarade des grands débats, face à un gouvernement non représentatif au service d’une minorité privilégiée, nous mettons en place les nouvelles formes d’une démocratie directe.

Concrètement, nous reconnaissons que l’assemblée des assemblées peut recevoir des propositions des assemblées locales, et émettre des orientations comme l’a fait la première assemblée des assemblées de Commercy. Ces orientations sont ensuite systématiquement soumises aux groupes locaux. L’Assemblée des assemblées réaffirme son indépendance vis-à-vis des partis politiques, des organisations syndicales et ne reconnaît aucun leader autoproclamé.

Pendant trois jours, en assemblée plénière et par groupes thématiques, nous avons tous débattu et élaboré des propositions pour nos revendications, actions, moyens de communication et de coordination. Nous nous inscrivons dans la durée et décidons d’organiser une prochaine Assemblée des assemblées en juin.

Afin de renforcer le rapport de forces, de mettre les citoyens en ordre de bataille contre ce système, l’Assemblée des assemblées appelle à des actions dont le calendrier sera prochainement diffusé par le biais d’une plateforme numérique.

L’Assemblée des assemblées appelle à élargir et renforcer les assemblées citoyennes souveraines et de nouvelles. Nous appelons l’ensemble des Gilets jaunes à diffuser cet appel et les conclusions des travaux de notre assemblée. Les résultats des travaux réalisés en plénière vont alimenter les actions et les réflexions des assemblées.

Nous lançons plusieurs appels, sur les européennes, les assemblées citoyennes populaires locales, contre la répression et pour l’annulation des peines des prisonniers et condamnés du mouvement. Il nous semble nécessaire de prendre un temps de trois semaines pour mobiliser l’ensemble des Gilets jaunes et convaincre celles et ceux qui ne le sont pas encore. Nous appelons à une semaine jaune d’action à partir du 1er mai.

Nous invitons toutes les personnes voulant mettre fin à l’accaparement du vivant à assumer une conflictualité avec le système actuel, pour créer ensemble, par tous les moyens nécessaires, un nouveau mouvement social, écologique, populaire. La multiplication des luttes actuelles nous appelle à rechercher l’unité d’action.

Nous appelons à tous les échelons du territoire à combattre collectivement pour obtenir la satisfaction de nos revendications sociales, fiscales, écologiques et démocratiques. Conscients que nos avons à combattre un système global, nous considérons qu’il faudra sortir du capitalisme. Ainsi nous construirons collectivement le fameux « toutes et tous ensemble » que nous scandons et qui rend tout possible. Nous construisons toutes et tous ensemble à tous les niveaux du territoire.

Le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple. Ne nous regardez pas, rejoignez-nous. »

Les autres appels de l’Assemblée des assemblées

L’Assemblée a adopté d’autres textes, issus des groupes de travail thématiques.

Appel pour une convergence écologique

 

« L’Assemblée des Assemblées des Gilets Jaunes prend acte de l’urgence environnementale, sociale et démocratique.

C’est la même logique d’exploitation infinie du capitalisme qui détruit les êtres humains et la vie sur Terre.

La limitation des ressources nous oblige à poser la question de leur partage et du contrôle de la production.

Les dérèglements climatiques, l’effondrement de la biodiversité et le péril nucléaire sont autant de menaces qui pèsent sur notre avenir. Les biens communs (eau, air, sol droit à un environnement sain ne doivent pas être transformés en marchandises.

La taxe carbone est l’exemple parfait de la fausse écologie punitive qui cible les gens qui ne sont pas responsables.

Or il y a des responsables et des pollueurs à qui s’attaquer directement par des actions coordonnées.

Les Gilets jaunes invitent toutes les personnes voulant mettre fin à la accaparement du Vivant à assumer une conflictualité avec le système actuel, pour créer ensemble, par tous les moyens nécessaires un nouveau mouvement social écologique populaire.

L’indignation ne suffit plus, passons à l’action. »

-  Télécharger l’appel :https://reporterre.net/IMG/pdf/appel_pour_une_convergence_e_cologique.pdf

Nous exigeons l’annulation des peines des prisonniers et condamnés du mouvement !

« Depuis 5 mois la répression policière et judiciaire contre le mouvement des gilets jaunes est gigantesque. Nous comptons des milliers de blessés, 22 personnes éborgnées, 5 mains arrachées et une personne tuée. Les violences policières qui mutilent et qui tuent sont un acte d’intimidation politique, elles cherchent à nous terroriser pour empêcher d’agir : elles constituent un crime d’État. Pour justifier ce crime, le gouvernement, avec l’appui de certains médias, criminalise toutes celles et ceux qui contestent sa politique. La répression judiciaire prend la suite des violences policières pour étouffer le mouvement : 8700 gardes à vues, 2000 procès dont 1500 comparutions immédiates, près de 40 % de peines de prison fermes, plus de 400 mandats de dépôt.

Ce que nous vivons aujourd’hui est le quotidien des quartiers populaires depuis des décennies. Maintenant, l’autoritarisme se généralise à toute la société. Nous, gilets jaunes réunis en Assemblée des Assemblées à Saint-Nazaire, appelons à un énorme acte national samedi 18 mai partout en France, à l’occasion de l’acte 27.

Nous exigeons :
-  l’annulation des peines des milliers de prisonniers et condamnés du
mouvement des gilets jaunes et de toutes les autres luttes criminalisées   l’annulation des poursuites qui pèsent sur les personnes accusées et
inculpées
-  la défense des libertés publiques et des droits fondamentaux
-  la reconnaissance des centaines de personnes enfermées, dans le cadre
des gilets jaunes, des quartiers populaires, et de toutes les luttes
défendant le bien commun, écologiques et revendiquant une démocratie directe, comme des prisonniers politiques

Nous devons résister de toute notre force contre cet autoritarisme !

Nous appelons au renforcement et à la constitution des cagnottes de soutien existantes, et des groupes de soutien juridique. Nous appelons à la constitution d’une plate-forme nationale pour recenser les cas de répression judiciaire, soutenir les inculpés et les prisonniers. Nous appelons au partage de tous les savoirs pour se défendre face à la répression policière et judiciaire.

L’Assemblée des Assemblée appelle à manifester le 13 Avril pour le retrait de la loi « anticasseurs » à l’appel de plus de 50 organisations dont la Ligue des Droits de l’Homme.

Samedi 18 mai, retrouvons nous partout pour manifester et nous rassembler devant les tribunaux et les prisons !

Cet appel sera partagé et transmis dans les groupes, ronds-points et AG locales pour qu’ils se l’approprient et le fassent vivre s’ils le souhaitent ! »

-  Télécharger l’appel :

https://reporterre.net/IMG/pdf/appel_pour_un_acte_national_pour_l_annulation_des_peines.pdf

Appel à l’action et à la mobilisation pour la période des élections européennes

« Nous, Gilets jaunes réunis lors de l’Assemblée des assemblées de Saint- Nazaire, dénonçons le caractère anti-démocratique et ultra-libéral des institutions européennes. Le parlement européen que nous élisons n’a même pas le pouvoir de proposer une loi ! La Commission européenne décide de tout sans aucun contrôle démocratique. Les institutions européennes sont soumises à la pression de 25 000 lobbyistes pour la seule capitale européenne !

A l’inverse du modèle actuel, les gilets jaunes portent un modèle de démocratie directe, dans lequel l’intérêt général prime sur les intérêts particuliers. Un modèle démocratique où primeront enfin nos conditions de vie, de travail, vos droits, la qualité de nos services publics et de notre environnement.

Nous avons pour principe fondateur l’autonomie des groupes de gilets jaunes et des individus en général. C’est pourquoi nous faisons le choix de ne donner aucune consigne de vote ou même de participation à ces élections. Nous condamnons toutes les tentatives de constitution de liste politique au nom des gilets jaunes !

Nous appelons les gilets jaunes et les citoyens et citoyennes à faire de cette période électorale une grande période de mobilisation. Nous proposons :
-  d’organiser une campagne d’information et de sensibilisation contre les institutions européennes et leur politique libérale
-  de tourner en dérision cette mascarade électorale. Nous nous en remettons pour cela à la créativité des groupes locaux, par exemple : carnaval, vote parallèle dans des cercueils jaunes, affichage jaune, présence jaune le jour du vote le 26 mai etc.

Nous proposons aux gilets jaunes de Belgique de co-organiser une convergence de tous les peuples à Bruxelles. Car quelque soit le résultat du vote, il faudra compter sur nous ! C’est dans la lutte que se construira l’Europe des peuples.

Nous proposons à tous les peuples d’Europe de se saisir de cet appel, de le traduire dans leur propre langue, ou de s’en inspirer pour faire le leur. C’est en menant une lutte coordonnée contre nos exploiteurs communs que nous jetterons les bases d’une entente fraternelle entre les peuples d’Europe et d’ailleurs. »

-  Télécharger l’appel :https://reporterre.net/IMG/pdf/appel_pour_les_e_lections_europe_enne.pdf

 

Retrouvons notre pouvoir de décision, place aux assemblées citoyennes

« Nous, Gilets Jaunes réunis en Assemblée des assemblées appelons l’ensemble des GJ ainsi que tous nos concitoyen.ne.s à s’engager dans la réappropriation de notre pouvoir politique.

Une étape importante de cette reconquête passe par le niveau local.

Nous appelons à créer dans chaque commune de France ou cela est possible une ou plusieurs assemblée citoyenne et populaire. Car ce pouvoir nous a été confisqué comme nous le constatons dans de multiples domaines : écologie, public/privé (privatisation), démocratie, etc.

Ces assemblées sont l’expression de la volonté populaire.

Chaque assemblée mène ses propres expériences en toute autonomie dans le respect de l’intérêt collectif (en lien avec des associations, gilets jaunes seuls, groupes de citoyens, associations de quartiers, présentation de listes ou non...) Nous appelons les assemblées citoyennes et populaires, ainsi créées, à se fédérer en réseau par l’échange de leurs expériences.

Réapprenons à partager nos préoccupations pour définir ensemble ce que nous voulons.

Réapprenons à vivre ensemble où nous habitons. »

-  Télécharger l’appel :https://reporterre.net/IMG/pdf/appel_pour_les_assemble_es_citoyennes.pdf

 

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https://rapportsdeforce.fr/pouvoir-et-contre-pouvoir/assemblee-des-assemblees-nous-mettons-en-place-les-nouvelles-formes-dune-democratie-directe-04083463
Assemblée des assemblées : « nous mettons en place les nouvelles formes d’une démocratie directe »

8.4.2019

Semaine d’action jaune à partir du premier mai, démocratie directe, sortie du capitalisme, indépendance vis-à-vis des partis politiques et des syndicats, refus des leaders autoproclamés, recherche de l’unité d’action sont quelques-unes des orientations que se sont donnés les 800 délégués et observateurs gilets jaunes, lors de l’assemblée des assemblées à Saint-Nazaire ce week-end.

 

Il y a eu Commercy à la fin du mois de janvier, voici Saint-Nazaire. La première assemblée des assemblées avait réuni environ 300 délégués représentant 70 groupes de gilets jaunes. Le nombre de participants et de groupes représentés a presque triplé pour cette seconde rencontre, montrant un élargissement de la dynamique d’organisation horizontale au sein du mouvement. Même si dans le même temps, la fatigue et la répression érodent un peu le nombre de manifestants des samedis et que certaines assemblées générales locales sont moins fournies qu’à leurs débuts, il y a trois mois.

Nous reproduisons ci-dessous l’appel de Saint-Nazaire issu des débats en ateliers et en séances plénières des 5, 6 et 7 avril. Une troisième assemblée des assemblées est déjà programmée pour le mois de juin.

 

Nous Gilets jaunes, constitués en assemblées locales, réunis à Saint-Nazaire, les 5, 6 et 7 avril 2019, nous adressons au peuple dans son ensemble. À la suite de la première assemblée de Commercy, environ 200 délégations présentes poursuivent leur combat contre l’extrémisme libéral, pour la liberté, l’égalité et la fraternité.
Malgré l’escalade répressive du gouvernement, l’accumulation de lois qui aggravent pour tous les conditions de vie, qui détruisent les droits et libertés, la mobilisation s’enracine pour changer le système incarné par Macron. Pour seule réponse au mouvement incarné par les Gilets jaunes et autres mouvements de lutte, le gouvernement panique et oppose une dérive autoritaire. Depuis cinq mois partout en France, sur les ronds-points, les parkings, les places, les péages, dans les manifestations et au sein de nos assemblées, nous continuons à débattre et à nous battre, contre toutes les formes d’inégalité et d’injustice et pour la solidarité et la dignité.
Nous revendiquons l’augmentation générale des salaires, des retraites et des minima sociaux, ainsi que des services publics pour tous et toutes. Nos solidarités en lutte vont tout particulièrement aux neuf millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Conscients de l’urgence environnementale, nous affirmons, fin du monde, fin du mois, même logique, même combat.
Face à la mascarade des grands débats, face à un gouvernement non représentatif au service d’une minorité privilégiée, nous mettons en place les nouvelles formes d’une démocratie directe.
Concrètement, nous reconnaissons que l’assemblée des assemblées peut recevoir des propositions des assemblées locales, et émettre des orientations comme l’a fait la première assemblée des assemblées de Commercy. Ces orientations sont ensuite systématiquement soumises aux groupes locaux. L’Assemblée des assemblées réaffirme son indépendance vis-à-vis des partis politiques, des organisations syndicales et ne reconnaît aucun leader autoproclamé.
Pendant trois jours, en assemblée plénière et par groupes thématiques, nous avons tous débattu et élaboré des propositions pour nos revendications, actions, moyens de communication et de coordination. Nous nous inscrivons dans la durée et décidons d’organiser une prochaine Assemblée des assemblées en juin.
Afin de renforcer le rapport de forces, de mettre les citoyens en ordre de bataille contre ce système, l’Assemblée des assemblées appelle à des actions dont le calendrier sera prochainement diffusé par le biais d’une plateforme numérique.
L’Assemblée des assemblées appelle à élargir et renforcer les assemblées citoyennes souveraines et de nouvelles. Nous appelons l’ensemble des Gilets jaunes à diffuser cet appel et les conclusions des travaux de notre assemblée. Les résultats des travaux réalisés en plénière vont alimenter les actions et les réflexions des assemblées.
Nous lançons plusieurs appels, sur les Européennes, les assemblées citoyennes populaires locales, contre la répression et pour l’annulation des peines des prisonniers et condamnés du mouvement. Il nous semble nécessaire de prendre un temps de trois semaines pour mobiliser l’ensemble des Gilets jaunes et convaincre celles et ceux qui ne le sont pas encore. Nous appelons à une semaine jaune d’action à partir du 1er mai.
Nous invitons toutes les personnes voulant mettre fin à l’accaparement du vivant à assumer une conflictualité avec le système actuel, pour créer ensemble, par tous les moyens nécessaires, un nouveau mouvement social, écologique, populaire. La multiplication des luttes actuelles nous appelle à rechercher l’unité d’action.
Nous appelons à tous les échelons du territoire à combattre collectivement pour obtenir la satisfaction de nos revendications sociales, fiscales, écologiques et démocratiques. Conscients que nos avons à combattre un système global, nous considérons qu’il faudra sortir du capitalisme. Ainsi nous construirons collectivement le fameux « tous ensemble » que nous scandons et qui rend tout possible. Nous construisons tous ensemble à tous les niveaux du territoire. Ne nous regardez pas, rejoignez-nous. Le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple.
Gilets jaunes le 8 avril 2019

 

 

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