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Sous-Capitaine Jojo AdOC
13 mai 2018

Le soleil dévoyé

AnthropoMegalocène Actualités

lesnarcesVercors


https://bibliothequefahrenheit.blogspot.fr/2018/05/le-soleil-en-face-rapport-sur-les.html

9 mai 2018


LE SOLEIL EN FACE - Rapport sur les calamités de l’industrie solaire et des prétendues énergies alternatives


« Crise énergétique » et « crise environnementale » seront résolues au moyen du « développement durable », à en croire les politiciens, les industriels et la bonne conscience citoyenne. Le véritable Graal de cette quête d’une énergie inépuisable et à vil prix reste l’énergie solaire mais loin de l’utopie d’une énergie « propre », cette industrie sera « une avancée stratégique de l’électrification du monde », « un apport décisif à la réquisition de nos vies par l’économie ». « Après les sacrifices à l’idole nucléaire voici ceux du nouveau culte solaire. »

Fort symboliquement, quelques semaines après l’entrée en fusion des trois réacteurs de Fukushima, le prototype Solar Impulse accomplit un vol d’essai au salon du Bourget. « Dans la masse de calamités accumulées par 150 années de développement industriel sans merci, les élites politiques mondiales ont choisi de s’émouvoir du changement climatique. » En 2007, le Quatrième Rapport du GIEC reconnait les « gaz à effet de serre d’origine anthropique ». « Le changement climatique, grande menace par anticipation de ce début de millénaire, offre un point de fixation parfaitement compatible avec la poursuite de la fuite en avant. » Il fournit une excellent raison de désinvestir les énergies fossiles de toute façon condamnées par l’épuisement annoncé des stocks et fixer leur remplacement comme objectif mondial. Pour répondre à la demande croissante d’énergie avec le développement de l’électronique grand public, l’humanité entre sans retour dans l’ère du développement durable.
Ray Kurzweil, « entrepreneur et gourou transhumaniste », « apologiste enragé du techno-totalitarisme », voit dans l’énergie solaire le salut à court terme de l’humanité productiviste.
Lorsqu’en 1711, la pression de la vapeur d’eau mit  en mouvement les pistons façonnés par Thomas Newcomen, dans le Devon, permit de pomper l’eau d’infiltration qui inondait les mines d’étain du sud-ouest de l’Angleterre. On put dès lors descendre plus profond, extraire davantage de minerais, afin de construire plus de machines pour pomper plus efficacement et descendre encore lus profondément. Cet épisode fondateur condense le principe que Jacques Ellul a nommé le système technicien.
L’énergie solaire est à l’origine de toute vie sur terre et de la quasi-totalité des « sources » d’énergie exploitées par les sociétés humaines, puisque les hydrocarbures, par exemple, sont issus de la maturation des végétaux nés du flux de photons.
Frédéric Gaillard fait le point sur les autres « énergies alternatives » et leurs « inconvénients » : biocarburants de première, deuxième et troisième génération (usines à plancton), hydraulique, géothermique,…
Tout a déjà été dit et écrit sur l’industrie nucléaire, sa nocivité et ses mensonges. « L’argument de l’atome comme « moindre mal » a fait son temps. » Le développement de l’éolien comme celui du panneau solaire, s’est imposé dans l’imaginaire français du développement durable, caution idéologique qui préside à son développement. Son exposé sur la technologie photovoltaïque est brillant, complet et parfaitement accessible. Il pointe l’extension des zones grises, avec ces « fermes photovoltaïques » qui colonisent les marges des agglomérations, et les mesures incitatives qui multiplient l’intégration au bâti des plaques de silicium. Même la technologie balbutiante des cellules photovoltaïques organiques n’a pas de secret pour lui. En attendant, le film photovoltaïque flexible est déjà présenté comme une « rupture technologique » puisque qu’il va permettre aux écrans de se recharger tout seul. Portables bios (?!) et panneaux publicitaires, voilà « ce monde meilleur que nous promet l’essor des technologies vertes ».
L’acétate de vinyle, entre autres substances utilisées pour la fabrication des panneaux solaires, est une substance génotoxique et reprotoxique, mais qu’on se rassure, une fois de plus, ce sont les pollueurs qui fixent eux-mêmes les niveaux de nuisance tolérables.
Les terrains saccagés par l’extraction des matières premières, les mégawatts engloutis pour la purification et la cristallisation du silicium à très haute température, les millions de mètres cubes d’eau pompés et dépollués à grand frais, sont rarement évoqués au sujet de cette technologie si respectueuse de l’environnement. Le coltan, par exemple, utilisé dans les condensateurs des téléphones portables, fut l’enjeu d’une guerre pour le contrôle des plus grands gisements situés en République Démocratique du Congo, responsable de plus de 3,5 millions de morts dans sept peux depuis 1998. Sans parler des gorilles.
La « croissance verte » n’est qu’un mythe. Il ne s’agit que de perpétuer l’emprise technicienne, au-delà du pétrole et de l’atome, sous les atours du Nouvel Ordre Vert. Le but ultime étant la photosynthèse artificielle, récupérer et stocker l’énergie solaire sous forme d’hydrogène, réutilisé au sein d’une pile à combustible pour obtenir, par réaction inverse, de l‘eau et de l’électricité.

Le Grenelle de l’environnement, en 2007, exclut toute discussion sur le nucléaire et adopte « un fatras de résolutions inoffensives, une politique de développement des énergies propres », dont des tarifs très attractifs de rachat par EDF du kilowatt-heure photovoltaïque. Les objectifs, pourtant raisonnables, par rapport à l’Allemagne par exemple, sont rapidement atteints, aussi ces mesures incitatives, accusées d’engraisser l’industrie chinoise, sont aussitôt sabordées, ruinant une filière émergente. L’État électricien, sous la pression du corps des Mines, a vu son monopole nucléarisé, centralisé et anti-démocratique, menacé par une dissémination technologique. Il n’entend pas laisser d’alternative se développer sans s’être au préalable assurer les moyens de son contrôle. En 2011, La France fut le seul pays européen à perdre des emplois dans le solaire.

Grenoble est régie depuis un siècle et demi par « une lignée d’ingénieurs et de scientifiques qui déploient toute leur énergie à l’édification du techno-monde ». Le Commissariat à l’énergie atomique, implanté sur le polygone scientifique en 1956, est la matrice d’une « collusion revendiquée entre le pouvoir politique - civil et militaire - la recherche scientifique et les industriels ». Les dirigeants de Minatec Entreprises et de leur filiale Clinatec qui oeuvre en secret à l’interface homme-machine et au perfectionnement des implants cérébraux, sont également aux manettes de la mairie. Les « énergumènes du CEA/PS » contrôlent aussi Liten, le Laboratoire d’innovation pour les technologies des énergies nouvelles et les nanomatériaux, l’Institut national de l’énergie solaire (INES), Photowatt, la plus grande entreprise française dans le secteur et la seule à maitriser tout le cycle, qui sera sauvée de la faillite par EDF, « enterrant les dernières illusions d’énergie autonome et décentralisée ».


L’esprit critique acéré et caustique de Frédéric Gaillard n’épargne rien ni personne. Fort d’une fine connaissance des dossiers, des acteurs et des enjeux, il s’applique à soigner ses portraits, au dépend de l’analyse, beaucoup plus superficielle. Se contenter d’accuser le développement technologique de « fuite en avant » ne suffit pas tout à fait pour en comprendre la logique, et pourrait même desservir son propos, susciter un rejet en bloc de ses raisonnements et les dévoyer au point de permettre l’éloge de ce Progrès à tous prix qu’il dénonce.
Il s’abstient également de proposer une alternative aux « alternatives », par refus de la « tyrannie du projet ». Sa remarque indirecte au sujet de la « perspective co-gestionnaire des antinucléaires autorisés – Greenpeace et le Réseau « Sortir du nucléaire » – qui prétendent aujourd’hui sortir du nucléaire sans sortir de la société qui le produit » laisse, de la même façon, entendre un rejet du capitalisme que nous aurions aimer voir développé.
Sa connaissance exhaustive du sujet intéressera certainement beaucoup de lecteurs, il n’est pourtant pas certain que son simple « rejet des emballements pathologiques et mortifères », au nom de son désir d’«  exister et jouir du cours de cette existence, si quotidienne et mélancolique soit-elle », les contente.



LE SOLEIL EN FACE
Rapport sur les calamités de l’industrie solaire et des prétendues énergies alternatives
Frédéric Gaillard
162 pages – 11 euros
Éditions L’Échappée –  Collection «Négatif » – Paris – Mai 2012
http://www.lechappee.org/


Lire aussi :
LA GUERRE DES MÉTAUX RARES


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https://reporterre.net/L-ONF-encourage-la-biomasse-industrielle-au-detriment-des-forets-et-du-climat

L’ONF encourage la biomasse industrielle au détriment des forêts et du climat


9 mai 2018 / Pierre Isnard-Dupuy (Reporterre)

 
Sous l’impulsion de l’Union européenne, la biomasse destinée à la production d’électricité se développe sur le continent. Syndicalistes forestiers et écologistes s’inquiètent de cette tendance à l’« industrialisation » de la forêt, illustrée par cette découverte de Reporterre : l’Office national des forêts (ONF) installe une filière d’approvisionnement de la centrale à biomasse de Gardanne et exporte au Danemark.
Marseille (Bouches-du-Rhône), correspondance
Remplacer le charbon par du bois dans les centrales thermiques pour produire de l’électricité, la Commission européenne en rêve comme solution au défi climatique. Elle prévoit que 60 % des énergies renouvelables futures soient assurés par la biomasse, dont en grande majorité du bois-énergie. En France, l’objectif est partagé par Nicolas Hulot. Répondre « aux objectifs d’accélération du développement des énergies renouvelables rappelés lors du sommet sur le climat One Planet Summit », en décembre dernier à Paris, est sa volonté, affirmée dans un communiqué à l’occasion de la désignation de 11 projets de biomasse lauréats pour être soutenus par l’État.
Mais pour plusieurs ONG environnementales, le développement industriel du bois-énergie remet en cause son caractère renouvelable. Pire, la généralisation de l’utilisation du bois pour la production d’électricité dans de grandes centrales thermiques rendrait l’impact de cette énergie sur le climat plus néfaste que le charbon, alors que ses partisans défendent une « neutralité carbone ». « Si les forêts sont exploitées de manière plus intensive en permanence à cause de la bioénergie, elles ne parviendront jamais à régénérer le réservoir de carbone perdu », juge la Fern, une ONG qui agit auprès de la Commission européenne pour qu’elle change sa vision économique de la forêt.

« Brûler des arbres pour produire de l’énergie n’est pas une solution pour enrayer le changement climatique », note de la Fern, octobre 2016.
 
Extrait du rapport de la Fern.
Avec le développement outrancier du bois-énergie, les écologistes craignent que la ressource forestière ne soit plus considérée que comme une ressource minière, exploitée au meilleur rendement, au détriment de son écologie.
Si cet approvisionnement se met en place, il contredira l’argument qu’avance l’énergéticien quant à sa « fourniture locale »
Dans ce contexte, l’Office national des forêts (ONF), qui gère le domaine public forestier, développe des filières d’approvisionnement pour les centrales à biomasse. Fort de livraisons réussies en septembre par voie fluviale du Jura à la centrale de Gardanne (exploitée par Uniper dans les Bouches-du-Rhône), ONF Énergie, filiale de l’organisme public pour la commercialisation des plaquettes forestières, exporte depuis fin 2017 au… Danemark.
 
Déchargement de bois au port fluvial d’Arles.
Le 5 septembre 2017, 1.500 tonnes de plaquettes forestières en provenance de la forêt domaniale de Chaux (Jura) ont donc été débarquées au port d’Arles (Bouches-du-Rhône). Ce transport fluvial était organisé par ONF Énergie depuis le port sur la Saône de Pagny-le-Château (Côte-d’Or), nous apprend une note interne consultée par Reporterre. Une deuxième livraison, de 1.650 tonnes de bois rond, a été effectuée par l’ONF suivant le même trajet le 18 septembre. Le port de Pagny-le-Château est situé à 40 kilomètres de la zone de coupe. Depuis Arles, le bois est rechargé sur camion pour atteindre la centrale de Gardanne, exploitée par Uniper, 90 kilomètres plus loin. L’expérimentation a été menée avec le soutien de Voies navigables de France.
Selon l’ONF, ce serait un succès de « transport à bas coût carbone ». « La même opération par voie routière aurait mobilisé 60 camions et multiplié par quatre le volume de carburant nécessaire », précise la note. Sauf qu’en bout de chaîne, une noria de camions finira par encombrer l’environnement des riverains de la centrale.
L’ONF espère la mise en place de deux livraisons par bateau chaque mois. Soit 36.000 tonnes de « flux interrégionaux » par an. Si cet approvisionnement se met en place, il contredira l’argument qu’avance l’énergéticien quant à sa « fourniture locale ». Le « gisement » se trouve à 500 kilomètres de la centrale thermique de Provence, au lieu du rayon des 250 km annoncés pour la fourniture « locale ». « Le préfet de la région Paca a accordé une dérogation au plan d’approvisionnement pour faire une expérimentation sur un tonnage réduit pour de la biomasse venant de la région Bourgogne-Franche-Comté », nous a répondu par courriel Jean-Michel Trotignon, le directeur du site Uniper de Gardanne.
C’est que l’appétit de ce mastodonte va être difficile à rassasier avec la seule forêt méditerranéenne, incapable de fournir les 850.000 tonnes nécessaires par an au fonctionnement de la centrale, jugent les écologistes mobilisés sur le dossier. Pour les dix premières années d’exploitation, Uniper entend se fournir à moitié par l’importation. Ce qu’il fait déjà depuis le Brésil.
 
La centrale thermique de Provence à Gardanne (Bouches-du-Rhône).
Satisfait de cette expérience du transport fluvial vers le sud de la France, l’ONF a ainsi mis en place depuis octobre 2017 un approvisionnement maritime à destination de la centrale de Skærbæk, au Danemark, exploitée par Dong Energy. Après trois ans de travaux, la centrale danoise s’est définitivement convertie à la biomasse fin octobre 2017. Plus modeste que Gardanne, elle consomme 450.000 tonnes de bois par an. Ce qui représente, tout de même, plus de 51 tonnes à l’heure. Elle intègre une cogénération, c’est-à-dire que la chaleur produite est valorisée dans un réseau pour le chauffage. Ce que ne propose pas à ce jour la centrale thermique de Provence. La centrale danoise « cherche à diversifier ses approvisionnements en matière première et substituer une partie des quantités importées depuis les pays baltes par un approvisionnement régulier depuis la France », apprend-on d’une autre note interne de l’ONF, elle aussi consultée par Reporterre.
La biomasse extraite des forêts manquera à la formation de l’humus
Début novembre 2017, un premier bateau de 4.000 tonnes y a acheminé du bois de l’Ouest parisien via le port de Rouen. Selon une autre note consultée par Reporterre, entre le 19 janvier et le 22 février, quatre autres navires de même capacité ont quitté le port d’Anvers (Belgique) avec du bois de Lorraine. Au moins dix autres acheminements suivront cette année, dont « du bois des Hauts-de-France », nous informe Christophe Chapoulet, le directeur d’ONF Énergie.
 
La centrale à biomasse danoise de Skærbæk.
Syndicalistes forestiers et militants du réseau SOS forêt s’inquiètent du développement d’une telle filière comme un facteur « d’industrialisation de la forêt ». « Avant de répondre à un besoin économique, l’exploitation forestière doit s’adapter aux besoins écologiques en matière d’hydrologie, de biodiversité et aux besoins sociaux, c’est-à-dire à l’usage de loisirs de la forêt », dit le forestier lorrain Nicolas Gomez, syndiqué au Syndicat national unifié des personnels des forêts et de l’espace naturel (Snupfen). Une vision que nous expose aussi le directeur d’ONF Énergie. Mais pour Nicolas Gomez, la biomasse industrielle « n’est pas écologiquement neutre. Le volume demandé implique des forêts cultivées dédiées ». Gérard Grouazel, de SOS forêt Franche-Comté, compare l’évolution de l’exploitation de la forêt à l’agriculture qui « ne veut faire que des grands champs de maïs ». Cyril Gilet, du Snupfen et de SOS forêt Bourgogne, est critique d’une « exploitation en tige complète. Jusqu’à la cime, tout part dans le broyeur qui produit les plaquettes. Ce qui conduit à un export de la matière organique qui va manquer au peuplement ». Autrement dit, la biomasse extraite des forêts manquera à la formation de l’humus.
Les écologistes de la forêt nuancent également le « transport à bas coût carbone » revendiqué par l’ONF, car réalisé par voie fluviale et maritime. Dans son journal syndical, le Snupfen de Lorraine sort sa calculette sur le bilan carbone du transport de bois pour le Danemark. Son exposé est fondé sur les normes de calcul de rejets de gaz à effets de serre de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Le premier transport par route jusqu’au port d’Anvers (10 camions) a rejeté 30 tonnes de CO2. S’ajoute le transport par bateau (4 cargaisons de 4.000 tonnes) qui a rejeté 96 tonnes de CO2. Ainsi, le « bilan carbone estimé de l’opération est de 126 tonnes de CO2 supplémentaires par rapport à une utilisation en circuit court ». Et encore, « nous n’avons pas calculé le bilan carbone du broyage, ni l’impact du prélèvement des rémanents qui auraient dû rester en forêt », précise l’article. « Donc, pas de quoi se glorifier de cette opération au bilan carbone discutable ». « Le bois-énergie est intéressant dans le cadre d’un circuit court, pour du bois bûche ou des petites chaufferies dans un rayon de 30 km », défend le propriétaire forestier et sylviculteur Gérard Grouazel.
La demande de gros opérateurs est une chance, selon le directeur d’ONF Énergie
« Il faut être vigilant, mais ne pas tomber dans la caricature », rétorque Christophe Chapoulet, le directeur d’ONF Énergie. « ONF Énergie n’exploite que les surplus de bois qui ne sont pas valorisables pour d’autres usages, comme le bois d’œuvre, et ne coupe pas plus que ce qui est disponible dans le respect du renouvellement de la forêt », assure-t-il à Reporterre. « Dans les chaufferies, les feuilles, les aiguilles et les petits rameaux posent problème donc, la plupart du temps, on les laisse sur place. Même si c’est vrai que dans certaines exploitations difficiles, ça nous arrive de sortir des arbres entiers », poursuit-il. La technique de l’entreprise est simple. Le bois est stocké puis broyé en bord de route, à la lisière des parcelles forestières, pour produire les plaquettes.
 
Des plaquettes forestières.
La demande de gros opérateurs est une chance, selon le directeur d’ONF Énergie : « Nous faisons face à une accumulation de stock par rapport à une demande locale trop faible. Le stock se dégrade à cause des intempéries. » « Le bois est en dépôt pendant un an à un an et demi, et finit dans un état lamentable », observe sur le terrain Cyril Gilet, qui y voit plutôt l’expression d’une exploitation irraisonnée.
« Il ne faut pas opposer petite chaufferie de village et grosse chaufferie. On a besoin d’un projet industriel de quelques dizaines de milliers de tonnes qui a besoin de bois toute l’année sinon il est extrêmement difficile de mettre en place une filière », répond le directeur d’ONF Énergie. « Notre distance moyenne de livraison est de 60 km. De toute façon, au-delà de 150 kilomètres, la rentabilité baisse, et cette réalité économique va nous limiter », ajoute-t-il. Il n’y aurait donc aucun risque de concurrence déloyale pour ses clients les plus proches, qu’il juge « prioritaires ». À moins que les gros opérateurs ne s’arrogent toute la ressource grâce aux débouchés massifs qu’ils proposent.

LA CENTRALE DE GARDANNE DANS L’ATTENTE D’UNE NOUVELLE DÉCISION DE JUSTICE
Combustion de déchets verts, valorisation de souches de vignes, Uniper, l’exploitant de la centrale à charbon de Gardanne, s’épanche à nouveau dans la presse pour valider la transition d’une de ses unités à la biomasse, autrement dit au bois.
 
Stockage de bois à proximité de la centrale biomasse de Gardanne.
Le site industriel des Bouches-du-Rhône fera l’objet d’une décision de la cour administrative d’appel dans les prochaines semaines. Elle concernera l’annulation de l’autorisation préfectorale d’exploitation, rendue le 8 juin 2017 par le tribunal administratif de Marseille. Dans l’urgence, à la suite de cette décision de justice, la préfecture avait délivré une autorisation d’exploitation provisoire. L’appel porté par l’exploitant est soutenu par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Depuis 2012, des associations et élus écologistes contestent le projet. Ils estiment que l’ampleur des volumes brûlés pour faire de l’électricité (850.000 tonnes par an) menace la forêt. Autour du site, ils critiquent les nuisances : bruit, pollution aux particules fines, circulation importante de camions.
Le démarrage officiel de l’unité industrielle se fait attendre depuis fin 2016. Ce « n’est plus qu’une affaire de semaines », dit Jean-Michel Trotignon, le responsable du site de Gardanne, à La Provence. Une annonce déjà répétée par le passé. Le plan d’approvisionnement, connu depuis le lancement du projet, est répété dans le journal local : « 55 % de ressource importée, 20 % de biomasse locale, 15 % de déchets de récupération, 10 % de bois en fin de vie. » Voilà pour les dix premières années d’exploitation. Pour les dix années suivantes, l’industriel envisage une fourniture « locale », dans un rayon de 250 km autour de la centrale. Ce qui entraînera sans doute des conflits d’approvisionnement avec les chaufferies locales et d’autres industries de la région : papeterie à Tarascon (Bouches-du-Rhône), centrales à biomasses de Pierrelatte (Drôme) et de Brignoles (Var).

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https://reporterre.net/La-centrale-a-biomasse-de-Gardanne-est-un-contre-sens-ecologique-selon-les


La centrale à biomasse de Gardanne est un contre-sens écologique, selon les opposants


4 février 2017 / Pierre Isnard-Dupuy (Reporterre)


La centrale à biomasse de Gardanne est un contre-sens écologique, selon les opposants
4 février 2017 / Pierre Isnard-Dupuy (Reporterre)
 
La centrale thermique de Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, est adaptée pour fonctionner avec du bois, encouragée par les subventions. Pourtant, les opposants au projet n’y voient aucun caractère écologique : sa colossale consommation de bois va déstructurer les filières locales, multiplier les trajets en camion et les émissions de polluants dans l’atmosphère. Ils manifesteront leur désaccord sur place dimanche 5 février.
Actualisation - Lundi 6 février 2017 - Plusieurs centaines de personnes ont manifesté sous la pluie, à Gardanne, contre la centrale à biomasse. Voir le récit détaillé ici.

Gardanne (Bouches-du-Rhône), correspondance
Dimanche 5 février, les opposants à la centrale biomasse de Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, convergeront des Hautes-Alpes, du Verdon, du Luberon, des Cévennes… comme ils l’avaient fait en octobre 2014, dans l’ancienne ville minière.
C’est une longue histoire. À la centrale thermique de Provence, jusque-là intégralement alimentée au charbon, la tranche 4 doit être transformée pour brûler du bois. En 2011, le Grenelle de l’environnement avait consacré le développement de la biomasse. L’État proposa de financer des centrales électriques dont le combustible se constitue de bois et de végétaux. E.ON, alors troisième acteur mondial de distribution d’énergie, saisit l’occasion pour proposer la mutation d’une unité de sa centrale située à proximité d’Aix-en-Provence. 1,5 milliard d’euros d’aides publiques sur 20 ans lui étaient promis au passage. La municipalité (PCF) de Gardanne et la section CGT de la centrale ont soutenu le projet, et continuent de le faire, au nom de la défense des emplois. Uniper, d’abord filiale d’E.ON avant d’être indépendante en 2016, a récupéré la gestion de l’opération. Celle-ci est présentée comme écologique au motif que le bois constitue une source d’énergie renouvelable. Une affirmation qualifiée de « biomascarade » par les opposants, qui dénoncent l’origine et les volumes des approvisionnements comme véritables menaces pour la forêt, mais aussi les pollutions du transport et de l’incinération.
De gros consommateurs qui poussent à l’industrialisation de la forêt
Les Hautes-Alpes, le Verdon, le Luberon, les Cévennes font partie d’une zone d’approvisionnement jugée comme prioritaire par Uniper. La ressource en bois sollicitée est monumentale. 850.000 tonnes par an, « soit 2.300 tonnes par jour », selon les calculs de Claude Calvet, de SOS forêts du Sud. Le collectif craint que cette masse pèse sur la forêt méditerranéenne déjà fragile, peu productrice et soumise à d’autres sollicitations : 150.000 tonnes annuelles pour la centrale de Pierrelatte (Drôme), 180.000 pour le projet Innova à Brignoles (Var) et 1,2 million pour la papeterie de Tarascon (Bouches-du-Rhône). Autant de gros consommateurs qui poussent à l’industrialisation de la forêt. « Ces installations très consommatrices de bois se sont installées dans une région qui en produit peu et mal. Nous ne sommes pas dans le Jura ! » dit au journal Le Ravi Jérôme Dubois, professeur à l’institut d’urbanisme et d’aménagement d’Aix-en-Provence.
Face au projet gardannais, la région Paca (avant qu’elle ne soit dirigée par la droite, en 2016), le département des Alpes-de-Hautes-Provence, les parcs naturels régionaux du Luberon et du Verdon, 9 communautés de communes et 41 communes des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes s’opposent ou émettent des réserves. Concerné par une fourniture de 35.000 tonnes par an, le Parc national des Cévennes se pose cependant en partenaire d’Uniper. Par le projet Cevaigoual, porté par le Centre régional de la propriété forestière (CRPF) et adoubé par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), le Parc entend « favoriser la valorisation des ressources forestières là où elles sont sous-exploitées, pour alimenter la filière bois, notamment les réseaux de chaleur et les chaudières à bois ». Priorité est donnée aux chaufferies locales avant que d’autres chaudières plus grosses et plus éloignées, comme celle d’Uniper, viennent se servir.
 
L’approvisionnement prévu de la centrale.
Janine Bourrely, propriétaire forestière à Saint-Jean-du-Gard et présidente du CRPF, y voit un chance pour la revalorisation de la châtaigneraie malade. De nombreuses parcelles contiennent une part trop importante de bois mort. « Reboiser coûte trop cher, 5.000 à 6.000 euros l’hectare », plaide-t-elle. Uniper apparaît comme « une start-up qui offre la possibilité au propriétaire forestier de reboiser durablement en achetant le bois mort », dit-elle. Mais le collectif SOS forêt Cévennes estime que l’initiative est une porte ouverte au remplacement des châtaigneraies par des plantations valorisant des arbres à croissance rapide pour les besoins de l’industrie. « La question est de savoir quand et comment couper, nuance Jacques Rutten, président de l’Association Causses-Cévennes d’action citoyenne (Accac), parce que les sous-bois ont tendance à devenir impénétrables par manque d’exploitation forestière : certains ruisseaux ne coulent plus et la biodiversité s’appauvrit. »
Pour démarrer, l’entreprise Uniper entend se fournir pour 55 % à l’importation. Le reste venant d’un rayon de 400 kilomètres autour de la centrale. 43 % de cette fourniture « locale » sera forestière. Les 57 % restant seront du déchet vert, des résidus de l’agriculture et autres bois résidus de l’industrie et de la consommation des particuliers. Pour cette dernière catégorie, Veolia se porte fournisseur à hauteur de 6 % du volume total. Puis le « 100 % local » sera atteint au bout de 10 ans, assure Uniper.
Un système sophistiqué de blanchiment permet au bois de rejoindre les circuits commerciaux légaux
Pour l’heure, la chaîne d’approvisionnement étant confiée à une forêt de sous-traitants, il est extrêmement difficile d’obtenir des informations précises. Contacté, Uniper n’a pas souhaité répondre à Reporterre. Dans les Cévennes, « aucune coupe n’a démarré pour fournir la centrale », dit Janine Bourrely. En janvier 2016, le Silver Pegasus, cargo battant pavillon panaméen, a livré 39.000 tonnes de bois transformé en provenance du Brésil. Uniper assure ne se fournir que de bois certifiés PEFC ou FSC. Deux labels qui sont critiqués pour leur laxisme et leur manque de contrôle, comme en témoigne l’émission de France 2 Cash Investigation du 24 janvier, ou les analyses du magazine Lutopik ainsi que de Télé Millevaches.
 
Le « Silver Pegassus », battant pavillon panaméen, a livré du bois en provenance du Brésil pour la centrale Uniper de Gardanne en janvier 2016.
En outre, dans les résultats d’une enquête menée de 2012 à 2014, Greenpeace affirme que l’écoulement de bois illégal au Brésil représente une part énorme des exportations : 54 % du total pour l’état du Mato Grosso et jusqu’à 75 % au Pará, principale région productrice d’Amazonie. Un système sophistiqué de blanchiment permet au bois de rejoindre les circuits commerciaux légaux. Ce qui n’empêche pas Uniper d’affirmer à la Provence que « cette cargaison répond aux normes de gestion forestière durable, au règlement bois de l’Union européenne et à la réglementation phytosanitaire française ». Malchance ou prémonition, le stock est parti en fumée dans les incendies de l’été de la région marseillaise.
Cet incendie n’est pas une exception. Début août 2016, les flammes ont ravagé le parc de stockage de la papeterie de Tarascon. Attisées par un fort mistral, elles ont consumé 20.000 tonnes de bois et menacé des habitations. Sur le même site, des incendies s’étaient déjà produits, avec 10.000 tonnes de bois disparus en 2009 et 27.000 tonnes en 2012. À Gardanne, centrale et zone de stockage se situent en zone urbanisée.
La pollution atmosphérique due à l’activité de la centrale constitue un autre péril pour les riverains. À la demande d’Uniper, l’impact a été modélisé par Air Paca. Les particules PM10, mises en cause dans la pollution urbaine cet hiver, constituent « le polluant qui présente les concentrations les plus élevées », analyse l’association régionale de surveillance de la qualité de l’air. La zone de stockage et ses abords immédiats sont affectés par « le réenvol de grosses particules sous l’effet du vent », précise Air Paca. Pour celles qui viendraient de la combustion, Uniper rassure par la mise en place de filtres à particules et grâce à ses hautes cheminées : « Les émissions de la centrale thermique, situées en hauteur, sont peu perceptibles au niveau du sol », affirme Air Paca. « Mais à mesure que les fumées refroidissent, les particules descendent. Elles peuvent se déposer 20 kilomètres plus loin », expose Bernard Auric, ancien directeur de la centrale, aujourd’hui à la retraite. Désormais président de l’Association de lutte contre les nuisances et la pollution (ALNP), il s’inquiète de la diffusion de particules fines « qui entrent dans le sang et dans les poumons ». Son association a été fondée en 2003 par des habitants de Meyreuil, village jouxtant la centrale, principalement pour faire reconnaître la pollution des poussières de charbon. « Le linge que vous mettiez à sécher dehors ressortait noir », raconte Bernard Auric. Aujourd’hui, l’association tente d’alerter les pouvoirs publics sur les nouveaux rejets de polluants dus à la biomasse.

Les pollutions de l’usine Uniper documentées par l’Association de lutte contre les nuisances et la pollution.
La modélisation d’Air Paca ne dit rien des taux de CO2 relâchés dans l’atmosphère et ne prend pas en compte les rejets des camions venus livrés. « Près de 200 par jour », selon Jean Ganzhorn, ingénieur en énergie et membre de SOS forêt du Sud. 40 autres camions sortiront les cendres quotidiennement, selon le site Marsactu. Si Uniper entend valoriser une partie des 220.000 tonnes annuelles produites dans des produits du BTP, il en restera 70.000 tonnes par an, que l’industriel espère stocker sur l’ancien terril minier de Bramefan, dans la commune voisine de Fuveau. Une enquête publique s’est achevée le 20 janvier à ce sujet. Il appartient désormais à la préfecture de se prononcer pour savoir si Uniper pourra se servir du site comme décharge. Uniper et la mairie de Fuveau se veulent rassurantes sur les usages futurs du site. Imperméabilisation des bassins de stockage, cendres mouillées pour éviter les poussières toxiques sont annoncées en réponse aux inquiétudes des riverains.

Par voie de presse, Uniper annonçait le démarrage de la biomasse à la fin de l’année 2016. Officiellement, la phase d’expérimentation se poursuit. « Au nom du maintien de 80 emplois directs, on défend une installation du XXe siècle fondée sur une logique d’économie minière, interpelle Jean Ganzhorn, alors que l’on pourrait créer près de 200 emplois avec un projet bien plus efficace énergétiquement, valorisant mieux la biomasse et consommant beaucoup moins de bois. » Dans le scénario de l’ingénieur, le bois serait utilisé en priorité comme matériau permettant la production énergétique (construction d’éoliennes) ou les économies d’énergie (fibres de bois pour l’isolation). Une proposition qui pourrait bien séduire Janine Bourrely. « Plutôt qu’une chaudière, ce qui est plus intéressant, c’est d’aider à l’isolation par la laine de bois », juge-t-elle.
En attendant la mobilisation de dimanche, Jean Ganzhorn reste catégorique sur le non-sens du projet d’Uniper : « Les Bouches-du-Rhône sont le département le plus ensoleillé et le plus venteux de France et on y fait une centrale biomasse plutôt que d’y développer solaire et éolien ! »

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